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Peuplier

Abattage des peupliers à Giverny Le nom, déjà, est un mensonge. Le peuplier ne peut pas plier. Il est raide comme la justice. Ce n’est pas son moindre défaut.
La peupleraie qui bouchait l’horizon derrière le jardin d’eau de Monet est en train de disparaître. Certains, bien sûr, y vont de leur larme.  » Ça c’est dommage !  » entends-je dire par quelques visiteurs des jardins de Giverny, dépités qu’on puisse abattre un arbre quel qu’il soit.
On peut pleurer la peupleraie, si l’on y tient. Et c’est vrai que cela fait quelque chose de regarder un arbre de trente mètres s’écrouler, vaincu en une minute par le bûcheron. C’est un bois tendre, la tronçonneuse s’y enfonce comme dans du beurre. Mais nous sommes nombreux à nous réjouir de voir la limite du rideau de peupliers reculer de jour en jour.
De l’avis général, il n’aurait pas fallu les planter. Auparavant, le jardin de Monet était bordé d’une belle prairie à vaches et à moutons, comme on en voit non loin de là. Et puis, en 1982, les peupliers ont été installés. Un petit trou à la bêche, un arbrisseau gros comme un balai glissé dedans, et on rebouche. Un geste répété des centaines de fois.
Ils n’avaient pas l’air méchants alors. Mais ça pousse vite, le peuplier, c’est ce qui a fait sa réputation. Vite et haut. En un rien de temps, la peupleraie a pris de l’ampleur, se dressant comme un armée menaçante. Arrivés à maturité, les fûts puissants masquent la ligne de colline de l’arrière-plan, bien visible sur les tableaux de Monet, ils étendent leur ombre sur le jardin d’eau, et le couvrent d’un tapis de graines duveteuses de plusieurs centimètres d’épaisseur pendant quinze jours au printemps.
Ces raisons vous paraissent bien légères pour prononcer la peine capitale ? Disons alors que ces arbres ont été plantés dans le seul objectif de les abattre, et qu’il est grand temps de le faire avant que leur bois, devenu trop vieux, se dévalorise.
Les bruits de tronçonneuse ont été le fond sonore de la semaine dernière. Aujourd’hui ils s’étaient tus, même si les quatorze hectares de l’exploitation ne sont pas encore dégagés. Les géants s’alignent en bon ordre sur le sol. Que deviendront-ils ? Des meubles, des boites de camembert ?


4 commentaires

  1. J’ai eu un choc lundi en les voyant par terre, je me suis demandée avec angoisse ce qui allait se passer de ce côté là. Les gardiens m’ont fait peur une fraction de seconde en me disant qu’on allait construire un immeuble, les petits plaisantins !! Passé le premier moment où j’ai regretté l’ombre (il faisait très chaud lundi) j’ai réalisé que le soleil allait bien mieux éclairer le bassin. A quand les vaches ou les coquelicots ?

  2. Il va d’abord falloir désoucher, ça ne va pas être une mince affaire ! Pas d’inquiétude pour le paysage, il est si protégé que c’en est presque un problème.

  3. Suivant le fil arachnéen de vos propos qui font un joli petit brin de poésie dans ce labyrinthe vexinois monetisé, je tombe sur l’article "Peuplier".
    Arbre envahisseur. Ne vient-il pas d’Italie, n’a rien d’une essence locale donc et pousse fort bien dès qu’il peut pomper assez d’eau. D’où mon souvenir que ceux de Monet faisaient file indienne le long de l’Epte. Je ne vois pas ou étaient ceux "cultivés" que vous évoquez là. & situe-t’on le site monetien? Je me souviens de beaux alignements du côté de Fourges. Autre question, L’Epte c’est long et ça débouche chez vous. Connaissez-vous le bois de l’Epte? Approcherait-on le pays de Bray, au delà de Gisors? et la source de la célèbre rivière frontière.

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Ariane.

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