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Une impression forte

Chateau-GaillardChâteau-Gaillard tire son nom de son aspect redoutable. La forteresse conçue par Richard Coeur de Lion était si bien pensée, perchée sur son piton rocheux, avec ses murs immenses et très épais, ses fossés larges et profonds, qu’elle paraissait imprenable.
Pour faire définitivement forte impression sur ses contemporains et surtout sur ses ennemis, le duc de Normandie n’a pas lésiné sur les moyens. Il a même, avant l’heure, usé d’arguments psychologiques de dissuasion.
Voyez-vous les rayures blanches et brunes sur ce mur ? La place forte est entourée de remparts de dix mètres de haut composés de deux sortes de pierres différentes. La pierre blanche est du calcaire du val de Seine, la brune vient des côtes de la Manche.
L’appareillage très régulier met en valeur l’alternance des matériaux, dans un but décoratif.
Oui, décoratif ! Toute l’astuce est là. Ces pierres que l’on fait venir de loin, à grands frais, montrent la puissance de Richard Coeur de Lion.
Elles disent au roi de France, regarde ! Je suis le roi d’Angleterre, je règne sur la Normandie et l’Aquitaine, mon domaine s’étend de l’Ecosse aux Pyrénées. Je suis si riche que je peux me permettre des fantaisies décoratives sur cette citadelle. Ne t’y frotte pas, toi qui n’es qu’un roitelet, tu ne fais pas le poids.
Le bas du mur a perdu son parement de pierres taillées. Il laisse apparaître le remplissage de petits morceaux de pierres et de mortier qui formait la masse entre les deux chemises de pierres lisses.
Cet aspect ruiné n’est pas dû à la seule usure du temps. C’est un démantèlement volontaire, autorisé par Henri IV. Le château avait perdu son rôle militaire dans la France unifiée, mais il servait de repaire à des bandits. Le roi a donc autorisé des congrégations religieuses à venir s’y servir en pierres pour réparer leurs abbayes. Les moines ont pris les pierres du bas, et ils ont laissé celles du haut du mur.
Tout en haut, on aperçoit les fines archères par lesquelles on lançait des volées de flèches sur l’ennemi, pour tenter de le tenir à l’écart.


2 commentaires

  1. aH! Château Gaillard. Joli commentaire d’un aspect méconnu de cette "belle fille d’un an". On entend plus souvent parler latrines et "bouches inutiles". La guide gavaldienne galvaude en effet votre confrérie et vadrouille le plus souvent en terrain conquis du cliché éculé.
    Gardons de bons sentiments, comme ce qu’elle nous enseigne et évoquons le revers de votre prise de vue: la falaise présente cette même alternance rayée chère à Pastoureau. Au dessus, la grille fermant sur ce qu’on nous présente comme les oubliettes d’une reine adultère et sa soeur, assassinée là. Souhait d’une évocation de cet épisode oublié, sur les pas des "rois maudits", comme une autre qui partirait découdre le vrai du faux de la toile de la salle des mariages du Grand Andely.

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