Pris sur le fait en plein élan, le boa constrictor des plantes est à l’oeuvre. La tige du liseron s’est enroulée autour de l’iris et continue sa course vers la feuille qui le surplombe.
Ravi d’avoir trouvé un endroit où s’accrocher, le liseron se prépare à s’y entortiller, pour mieux poursuivre son chemin. Où s’arrêtera-t-il ?
Au début, le liseron n’a pas l’air bien méchant, avec sa tige en bout de ficelle de rien du tout. Pour un peu, on l’inviterait dans le jardin, séduit par le charme de ses fleurettes en coupelles blanches et roses. Mais ses feuilles en forme de flèche devraient inciter à la méfiance. Le liseron a des intentions conquérantes. Et il est rapide.
Sous ses allures chétives cette vivace cache une vigueur d’athlète, des ruses infinies pour s’étendre, une détermination sans faille.
Sa tige, comme une tête chercheuse, bat les alentours en quête d’un point d’appui. Quand elle en rencontre un, malheur ! Elle s’y emberlificote à plaisir, trouvant dans les autres plantes le maintien ligneux qui lui fait défaut. Et que je te serre, et que je t’enserre, mieux qu’avec des serres.
Sous ce garrot, la brave plante qui a accueilli le liseron chancelle. Est-ce ainsi qu’on la remercie de son hospitalité ? Elle subit, la pauvre, de toute la passivité des créatures du règne végétal, dépourvues de bras pour repousser, de dents pour mordre, de jambes pour flanquer des coups de pieds, et même de voix pour crier leur colère. Les plantes souffrent en silence. Leur détresse est muette, sauf à les observer d’un peu près.
Et des observateurs, ce n’est pas ce qui manque dans les jardins de Monet. « Vous avez du liseron ? » s’enquièrent les visiteurs, qui ne tardent pas à s’apercevoir que oui.
Ils s’imaginaient sans doute que par quelque merveille due au professionnalisme des jardiniers de Giverny, à leur vigilance sans faille, le liseron aurait disparu du jardin de Monet, en même temps que les pucerons, les limaces et les escargots.
Cela ne se peut, n’est-ce pas. Même le paradis a son serpent.
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Très joli texte !
Il est vrai que le méchant liseron fait partie de ces herbes qu’on dit mauvaises mais il a tout de même un effet bénéfique, un seul, celui de fournir du nectar aux papillons.
Oui le texte est très beau.
Mais les fleurs de liseron sont elles aussi très belles. Petits ou grands calices, roses ou blancs, ils ont enchanté les étés de mon enfance.
Le liseron est vraiment une plante extraordinaire.
On arrive à percevoir comme normal la lente pousse rectiligne des herbes.
Ce liseron en revanche est de l’épaisseur d’un spaghetti, il claque son fouet le temps d’un orage et arrive à produire des fleurs douées d’une fermeture.
Quel incroyable fleur !