Si Monet avait peint ses Nymphéas de cette couleur, personne n’aurait voulu le croire. Je veux dire croire que c’est vraiment ainsi qu’ils apparaissent parfois, dans la lumière de Giverny.
A contre-jour, le nénuphar se pare de tons étranges, des gris profonds, violacés, qui lui donnent un air métallique.
Ses feuilles perdent leur aspect végétal et deviennent des objets vaguement inquiétants, artificiels, qui semblent faits de plastique fondu ou de tissu gaufré.
Tout cela flotte, mais la vie n’a-t-elle pas déserté la plante en deuil ?
Pure illusion d’optique. Il suffit de se décaler un peu, et les nénuphars reprennent leur teinte verdâtre habituelle. Ils sont encore bien vivants, offrant leurs dernières fleurs aux rayons de l’automne. Pour les voir ouvertes et admirer leurs couronnes roses ou jaunes, il vaut mieux venir l’après-midi. Les matinées fraîches rendent le nénuphar paresseux, il prend son temps pour sortir de ses songes et desserrer l’étreinte dans laquelle, la veille au soir, il a clos ses pétales.
Photo très originale.
Quelle chance ce jardin.
A chaque heure sa lumière, ses couleurs, ses subtiles variations, c’est le coeur de l’impressionnisme.