Cette plante mousseuse couleur fleur de moutarde qui donne du volume aux massifs jaunes de Giverny a un sérieux passif : c’est l’isatis tinctoria, le pastel des teinturiers.
Le pastel, c’est bleu pâle, tendrement délavé, de la couleur du ciel normand en été quand il y met du sien. Une fleur jaune qui donne du bleu ? Voilà un paradoxe que Monet n’aurait pas dénié.
C’est des feuilles de l’isatis que l’on extrait, si l’on y met de la persévérance et du savoir-faire, la teinture qui a fait la fortune de plusieurs régions de France au Moyen Âge, en particulier le Lauragais, dans le Midi toulousain. C’était alors la seule façon d’obtenir du bleu.
Comment nos ancêtres ont-ils fait cette découverte ? Elle force l’admiration, car elle ne peut être fortuite tant la méthode de fabrication est complexe. J’imagine que les plus inventifs de nos aïeux ont multiplié les expériences avec toutes sortes de produits trouvés dans la nature, à la recherche de celui qui allait permettre de teindre les étoffes. Un jour, les efforts de l’un d’eux ont payé, il a découvert une méthode pour extraire l’indigotine du pastel.
Porter des vêtements colorés, vivre dans un monde où les objets ont de multiples teintes, tout cela nous paraît si normal que nous n’y pensons même pas. Il nous faut forcer notre imaginaire à se figurer un monde où seule la nature déploie des couleurs, tandis que les objets de l’activité humaine présentent des teintes monotones. On comprend alors cette fièvre du bleu qui a conditionné l’activité de toute une région, et bâti des fortunes encore visibles dans les beaux hôtels particuliers renaissants de Toulouse.
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Le bleu de Lectoure, c’est mon préféré…
A Lectoure on en fait de très jolis produits de beauté, un cadeau sympa pour les mamans artistes ou jardinières…