En juillet, après la fenaison, les prés qui s’étendent dans la vallée de la Seine entre Vernon et Giverny laissent apparaître un réseau de lignes d’un beau vert, autour de zones plus sèches. Sur place, on voit qu’elles correspondent à des fossés où le sol reste humide même au coeur de l’été. Ce sont des bras asséchés du fleuve, qui entouraient jusqu’au 19e siècle tout un puzzle d’îles.
Les cartes anciennes révèlent que ces petites parcelles de terrains ceints par la rivière portaient toutes des noms, tout comme les îles qui subsistent encore à Vernon dans le lit du fleuve : l’île Corday, l’île du Talus, l’île Saint-Jean…
Parmi celles qui ont disparu figurait l’île aux Hortils. Hortil vient du latin hortus, le jardin, un lieu clos où l’on fait pousser fruits et légumes. On maraîchait beaucoup sur les îles, où le sol est riche, meuble, et où on a sous la main toute l’eau nécessaire à l’arrosage. A Amiens, les célèbres Hortillonnages sont toujours cultivés.
De nos jours, les anciennes îles ont été reconverties en prés à vaches, en terres à maïs. Là où elles sont hélas devenues des friches, les mauvaises herbes prospèrent sur ces sols fertilisés et riches en nitrates. Surtout les orties, qui peuvent y atteindre des tailles impressionnantes.
Je n’ai pas de certitude quant à l’étymologie, mais il ne serait pas étonnant que la fameuse île aux Orties de Monet, où il possédait un hangar à bateaux, ait été à l’origine une île aux Hortils. Ceci expliquerait cela.
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