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Moineau

Moineau – J’aime les moineaux, dit Susan. Je sais, ça paraît bête !
Souvent on me dit : « Les moineaux, vraiment ? Ils sont si communs ! »
Qu’ils soient communs, est-ce une raison pour ne pas les aimer ?
Je trouve que c’est plutôt une raison de se réjouir, qu’en plus ils soient si nombreux !

J’ai adoré parcourir le jardin de Monet avec Susan. Au Moyen Âge, on l’aurait brûlée comme sorcière. Elle a presque le physique de l’emploi, de longs cheveux gris et un corps léger comme une plume, mais elle a un regard aimant dans des yeux clairs qu’elle ferme parfois pour mieux écouter. Elle dégage une impression de fragilité : on a envie de la protéger.
Un peu comme un médium, Susan a une intuition hors du commun. Elle communique avec tout ce qui l’entoure, plantes, animaux, humains, esprits.
J’en vois parmi vous qui esquissent un sourire ironique. Balivernes et billevesées ! pensez-vous, peut-être en mots plus crus. Ce n’est pourtant pas tellement extraordinaire de supposer que plantes, animaux, rochers, émettent des ondes, et que ce n’est qu’une question de capteur de savoir les entendre. Quand la télé est éteinte, ressentez-vous tous les programmes qui traversent la pièce ?

Que vous dire ? C’était fascinant d’entendre Susan décrire un Monet tellement juste, tel qu’il n’est décrit nulle part.
Un Monet fusionnel avec la nature, utilisant son art, son oeil, sa main, son pinceau, comme un médium pour nous relier à elle, nous faire découvrir ce que nous ne savons pas voir. Un Monet ultra-sensible aux ondes, celles de la lumière évidemment, mais aussi les autres. Ressentant le magnétisme de son étang, ses « féeries » selon son expression, ses Nymphes.
Un Monet qui ne faisait pas de théorie, mais qui disait, « je voudrais arriver à rendre ce que je ressens ». Un Monet refusant d’enseigner l’art, ou même d’aider les autres à progresser en peinture, parce que l’essentiel n’est pas l’art, mais la nature vivante, l’art n’étant qu’un moyen d’exprimer ce qu’il percevait si profondément, que nous sommes partie d’un tout.
Selon Susan, l’eau du bassin, les arbres, les ateliers, ont gardé la mémoire de Monet. Il est toujours perceptible à Giverny, pour qui sait faire silence et écouter à l’intérieur de soi.


5 commentaires

  1. Je pense aussi très sincèrement qu’il est toujours là, quelque part à nous surveiller, nous épier et c’est sans doute la raison pour laquelle je me sens si intimidée lorsque je franchis le pas de sa maison… (par contre, je me demande toujours si son regard est bienveillant… que penserait-il de tout ce tumulte dans ses jardins et sa maison…)

  2. Quel beau billet pour une belle rencontre, merci Ariane. Des personnes comme Susan nous réconcilient avec le monde.
    Les moineaux ne sont plus légion à Bruxelles, à mon grand regret, et je sais qu’ils ont disparu d’autres grandes villes. J’appréciais tant leur arrivée et leur envol en bande joyeuse.

  3. Catherine, voilà une question que les visiteurs se posent souvent, et il est bien difficile d’y répondre ! Moi aussi j’ai souvent le sentiment qu’il m’écoute, et je ne le sent pas toujours bienveillant, non. Il avait un caractère bipolaire, tantôt charmant, tantôt très colérique et dépressif.
    Tania, oui, c’est la richesse d’un métier de rencontres. Il y a beaucoup d’autres métiers qui en permettent aussi, bien sûr.

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Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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