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Monthly Archives: juillet 2012

Rien de nouveau sous la lune

Allée principale du jardin de Monet, GivernyAu pied d’un massif violet où dominent les dahlias, les glaïeuls et les lis, un coussin de capucines orange vient apporter la couleur complémentaire. Bientôt, les fleurs tapisseront toute la surface de l’allée. L’effet est attendu des habitués de Giverny. Mais cette année quelque chose a changé.
Au lieu de la masse verte des feuilles de capucines d’où émergent tout au bout les fleurs éclatantes, comme le montrent les photos des dernières années, voilà que les corolles des capucines ont pris le dessus cet été. On ne voit qu’elles, chatoyantes de différents tons d’orange.
De plus, on sent que la plante n’en a plus pour très longtemps avant d’avoir envahi toute l’allée. La rencontre des deux rangées se fera plusieurs semaines plus tôt que l’an dernier.
Quelle est l’explication de ce mystère ? Le chef-jardinier m’a donné une partie de la clé de l’énigme : les capucines ont été plantées plus tôt cette année. Au lieu d’être semées en place, elles ont été démarrées en serre et repiquées, pour gagner quelques jours d’avance de végétation.
Mais ceci ne suffit pas à expliquer l’abondance des fleurs. Et ce n’est pas la météo fraîche et pluvieuse qui en est responsable non plus.
Alors ? Quand on a épuisé toutes les hypothèses, toutes choses égales par ailleurs, il reste à envisager l’influence du calendrier lunaire.
Au terme de siècles d’observation empirique, les jardiniers ont remarqué que certains jours sont plus favorables que d’autres pour favoriser la croissance des fleurs, ou au contraire des feuilles, des racines ou des fruits.
A la Fondation Monet, on ne jardine pas avec la lune, mais il n’est pas impossible que les capucines de la grande allée aient été semées et repiquées par hasard les jours ad hoc. Ce sera difficile à vérifier, car les dates des semis ne sont pas enregistrées au jour près. Mais cela vaudrait la peine de respecter le calendrier lunaire l’an prochain. Juste pour voir si on obtient le même résultat splendide.

La messe des conducteurs

Eglise de St-Christophe sur CondéUne tradition se maintient bien vivante à Saint-Christophe sur Condé, dans l’ouest de l’Eure. Dimanche prochain, le 29 juillet, le village si paisible devrait connaître une animation inhabituelle à l’occasion de la traditionnelle messe des conducteurs.
Dans la charmante petite église en damier de silex et calcaire, où les bancs de bois s’alignent dans la nef, les bannières et les porte-cierge sont prêts à reprendre du service. Dans l’entre-deux guerres, des cartes postales anciennes en témoignent, c’était tout un défilé d’automobiles qui venaient se faire bénir solennellement par le clergé à Saint-Christophe sur Condé.
C’est que saint Christophe, patron du village, est aussi celui des gens qui voyagent, qui circulent, qui conduisent les autres. Comme son nom le rappelle, il a porté le christ sur son épaule. Il a résisté à tant de martyres qu’il est devenu un grand protecteur.
Au temps de la foi, on l’invoquait en cas de difficulté, mais aussi de façon préventive, pour qu’il protège le croyant tout au long de la journée.
Son effigie est facile à reconnaître : saint Christophe est figuré en géant qui porte un enfant sur l’épaule. Son grand bâton lui permet de prendre un appui lorsqu’il traverse à gué les rivières.

Bâti près de l’eau

Vernon, le vieux moulinLe sens de certaines expressions ne coule pas de source, surtout quand on les découvre dans une langue étrangère. En allemand, avoir bâti près de l’eau, c’est avoir la larme facile, pleurer pour un oui ou pour un non. (nah am Wasser gebaut haben)
Parfois, le sens est plus transparent, comme l’image de l’eau qui coule pour marquer la fuite du temps. Mais les métaphores lexicalisées ne se transposent pas toujours telles quelles d’une langue à l’autre. Le jour où je me suis risquée à traduire mot pour mot « de l’eau a coulé sous les ponts », mon interlocuteur germanique m’a dit que j’étais très poétique. Alors qu’en anglais, l’expression existe : « a lot of water has passed under the bridge ».
J’ai un faible pour les gens qui ont bâti près de l’eau, qui se laissent aller à l’émotion. Pourquoi voyage-t-on, si ce n’est pour vivre des émotions ?
Ma cliente arrivait non pas d’Allemagne mais des Etats-Unis, en compagnie de deux jolies adolescentes. Elle a pleuré en mettant le pied sur le pont japonais, quand elle a découvert le paysage d’eau créé par Claude Monet.
« Je n’arrive pas à croire que je suis là ! Ca fait trente ans que j’en rêve !  »
C’était à coup sûr le symptôme d’une Linnea-ite aiguë. Diagnostic vite confirmé : en effet, la dame et ses filles avaient lu et relu le fameux petit livre qui a su faire rêver tant d’enfants et leurs parents d’un voyage à Giverny.
Pour cette quadragénaire, de l’eau avait coulé sous les ponts depuis son enfance, mais le rêve était resté là, intact. Au point que l’eau du bassin aux nymphéas lui a fait monter les larmes.

Vernon, le vieux moulin sur la Seine

La Maison du Tourisme

La Maison du Tourisme de GivernySi vous n’avez pas mis les pieds à Giverny depuis deux ans, vous ne reconnaîtrez pas cet endroit. C’était naguère une propriété rurale assez délabrée, située entre la fondation Claude Monet et le musée des Impressionnismes.
Cet emplacement stratégique et sa disponibilité ont valu une seconde jeunesse à l’ancienne maison Boutisseau. La vieille bâtisse qui abritait un pressoir et ses annexes ont pris du galon. On y trouve maintenant une terrasse, une boutique cadeaux, des plantes, de la brocante et même, tout au fond, une maison du tourisme.
Oui, la vitrine régionale qui doit donner envie aux visiteurs de Giverny de prolonger leur séjour en Normandie ou en Ile de France, c’est cette grange derrière les parasols.
Cet improbable emplacement de la maison du tourisme de Giverny en fond de cour a été l’objet d’une vive polémique, au moins autant que le curieux montage financier qui sous-tend le projet. Le bon sens voudrait que les visiteurs ne puissent pas manquer le local où on va les renseigner. A Giverny, ils devront commencer par se renseigner pour trouver le local.
Combien en pousseront la porte ? 1 sur 50 ? 1 sur 100 ? C’est clair, il fallait une maison du tourisme, mais étant donné le coût de celle-ci pour le contribuable, ce même contribuable est en droit de se demander si elle n’aurait pas été plus efficace ailleurs.
Quant aux professionnels du tourisme, ils s’étonnent des priorités des pouvoirs publics. Une maison du tourisme, c’est bien, mais… Un demi-million de visiteurs chaque année à Giverny, et toujours pas de toilettes publiques.
C’est sans doute parce qu’à la campagne, on a des buissons.

Géraniums

Plaque émaillée Les GéraniumsCette plaque émaillée vue aux Andelys ornait déjà la porte de cette maison il y a cent ans. Elle témoigne de la prédilection des propriétaires d’alors pour cette fleur indémodable, le géranium. Alors que d’autres belles plantes sont tombées en disgrâce, le géranium, en pleine floraison actuellement, mérite toujours bien son nom de « roi des balcons ».

Bleu lin

La fleur de linA moins que vous ne soyez en train de surfer depuis votre portable, cette fleur doit vous apparaître nettement plus grosse qu’au naturel, où elle fait la taille d’un ongle, perchée toute seule au bout de sa tige.
En plus d’être d’une petitesse insignifiante, elle se paie le luxe d’une floraison ultra éphémère, quelques heures à peine. Alors, pourquoi la cultiver, en particulier à Giverny ?
Peut-être pour son joli bleu délavé comme le ciel normand, finement strié de sombre.
Ou peut-être parce que c’est une fleur de lin, l’une des cultures emblématiques de la Haute-Normandie.
C’est à la mi-juin qu’il faut aller se balader dans la campagne de l’Eure et de la Seine-Maritime pour admirer les nappes bleues des champs de lin, tout en délicatesse.
Là où le colza fait claquer son jaune jusqu’à la stridence pendant plusieurs semaines, le lin joue l’élégance dès sa floraison.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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