Claude Monet, huile sur toile 1890 Prairie à Giverny, Fukushima Prefectural Museum of Art, Japon
Ce paysage de Giverny peint par Claude Monet au printemps 1890 est l’un des chefs-d’oeuvre du musée de Fukushima, au Japon. Le monde entier, hélas, a appris le nom de cette préfecture japonaise ; pour une fois, plutôt que de le faire rimer avec une catastrophe majeure, associons-le avec celui de Monet.
Au beau milieu de la toile, en plein dans les verts et les bleus, une tache brune, presque orange, accroche le regard. C’est une meule.
Jusque-là, on ne peut pas beaucoup se tromper. Mais s’agit-il d’une meule de foin ou d’une meule de blé ? Je penche pour la première : on est dans une prairie, ce doit être de l’herbe coupée, séchée et mise en tas. Juin peut-être.
En juin, il était bien trop tard pour démeulonner. C’est l’une de mes collègues, née dans une ferme de Haute-Normandie, qui m’a appris ce joli mot qu’elle a retenu comme un souvenir d’enfance. Démeulonner, c’est défaire la meule pour passer les gerbes de blé au tarare afin d’en extraire les grains, dans des nuages de poussière.
Remontons le calendrier agricole. Avant de démeulonner, il faut meulonner. Le temps de la moisson s’annonce quand l’épi de blé bascule. Tant qu’il n’est pas mûr, il est dressé vers le ciel. A maturité, l’épi se recourbe vers le sol. Il est temps de le couper et de le lier en bottes.
Celles-ci sont mises à sécher trois par trois, appuyées en faisceaux les unes aux autres. On appelle ces formations des viottes ou des demoiselles. Quand tout le champ est moissonné, on ramasse les gerbes avec une charrette tirée par un cheval et on les assemble en meules ou meulons : on meulonne.
Un toit de paille protège la récolte jusqu’à l’hiver, où l’on aura le temps, enfin, de s’occuper du battage.
Toutes ces étapes laborieuses ont disparu avec la mécanisation. Celle-ci a apporté son lot de mots nouveaux, et en a avalé quelques autres, qui sont allés rouler dans la poussière comme de vieux chapeaux melons.
Quel beau tableau; je ne l’avais jamais vu, où l’avez-vous rencontré ?
Moi je suis ravie de vous avoir rencontrée en juillet et d’avoir pu bavarder quelques instants avec vous
Monique
Plaisir partagé, Monique ! Je ne me souviens plus comment je suis tombée sur ce tableau…