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Gleditsia

Gleditsia à Giverny Après un hiver doux, le soleil des derniers jours a convaincu la nature que le printemps est revenu. L’herbe pousse, les arbres bourgeonnent, les premières fleurs s’ouvrent, cloches dansantes des jonquilles, corolles roses des camélias.
Plutôt qu’à la mi-mai, le jardin de Monet pourrait bien avoir l’aspect de cette photo dès la fin avril, quand la glycine embaume, que les myosotis tapissent les bordures et que le gleditsia se décide à déplier ses feuilles d’un très joli vert-jaune, comme un éclat de soleil au-dessus de l’eau.
Le gleditsia, c’est cet arbre qui offre ses branches graphiques au bord du bassin de Giverny. Il s’agit ici de la variété « gleditsia triacanthos sunburst », un cultivar sans épine (inerme). C’est une sage précaution car ses cousins les féviers d’Amérique sauvages ont des piquants longs comme la main.
Dans la vraie vie, je veux dire là où il se sent chez lui, l’Est des Etats-Unis, le Canada, l’Afrique, le gleditsia peut atteindre les 30 mètres de haut. Cela paraît difficile à croire au vu de l’arbrisseau givernois, mais celui-ci n’a peut-être pas dit son dernier mot. Pour voir de belles photos de gleditsia, il faut le chercher sous son nom anglais, Honey Locust. Haut comme un érable, il est impressionnant.
Je n’ai pas remarqué que le petit gleditsia de Giverny produisit déjà des fèves. Peut-être que dans cinquante ans, les visiteurs seront intrigués par de larges gousses contenant des graines et une substance sucrée qui lui vaut son nom anglais un peu bizarre.
Mot à mot, Honey Locust veut dire « Miel Sauterelle ». Il s’agit vraisemblablement d’une allusion à saint Jean-Baptiste, qui, selon l’évangile, survivait dans le désert en mangeant des sauterelles et du miel sauvage. On peut imaginer que les premiers colons qui s’installèrent en Amérique du Nord recherchaient de quoi se nourrir dans leur environnement. Ils eurent l’audace de goûter aux fruits de cette plante inconnue, lui trouvèrent une saveur douce comme le miel, et y virent un aliment providentiel digne d’une référence biblique.
C’est troublant de s’imaginer un instant dans la peau des premiers colons, tenaillés par la peur de mourir de faim, entourés de plantes sans nom, privés soudain de l’expérience accumulée au long des millénaires sur la façon d’utiliser la nature environnante pour subsister. En pensant au gleditsia, on comprend mieux Thanksgiving, la grande fête nord-américaine d’action de grâces pour avoir survécu à la première année de colonie.
J’aimais déjà beaucoup le petit gleditsia de Giverny, connaître la mémoire humaine qui s’attache à lui me le fait apprécier encore davantage…
Quant au nom de gleditsia lui-même, c’est un hommage au botaniste allemand Johann Gottlieb Gleditsch, qui fut directeur du jardin botanique de Berlin au 18e siècle. On lui doit des avancées décisives dans la compréhension de la reproduction sexuée des plantes et la nécessité de la fécondation du pistil par le pollen des étamines.


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Ariane.

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