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Les yeux dans le vide

Champ labouré à GivernyCa ressemblait à du rien. Non pas que cela ne ressemblait à rien, c’était même tout le contraire : cela aurait pu être n’importe où. Dans la brume qui finissait par se lever à 11 heures du matin et qui gommait les lointains, le paysage des champs de Giverny près de l’Epte était si vide que j’ai hésité à faire la première photo. Cela valait-il la peine de saisir le rien ?
Le regard cherche un motif où s’accrocher. Quelque chose de joli. Quelque chose d’anthropomorphique, comme un arbre tout seul nous évoque la solitude, ou une rangée de peupliers fait songer à une farandole.
J’ai pensé à Monet, combien il aimait ces heures de brume. La dissolution du motif si fréquente dans ses toiles, sa banalité, son inimportance. Ce qui compte : les valeurs de couleurs, la lumière qui baigne le paysage, l’air qui enveloppe les choses. Tant de toiles de Monet ne donnent rien à voir d’autre que, nous semble-t-il, un morceau de peinture. Le motif n’est qu’un prétexte à peindre.
En plein milieu des champs que Monet a représentés, sur les chemins qu’il a dû parcourir, j’essaie de sentir ce qu’il ressentait. L’air encore doux de l’automne emplit les poumons. Il y a cette qualité de silence particulière à la nature, un silence plein de souffles, de bruissements, d’appels émis par des êtres dont nous ne comprenons pas la langue, et le ronronnement de la route au loin. Je tends l’oreille, et le silence se peuple de sons.
J’admire l’audace de Monet à se lancer dans le vide. Monet donne à voir le presque rien, et bien entendu, il y voit quelque chose. C’est mon regard habitué à ce paysage qui le trouve vide. Ailleurs, bien loin, là où l’homme s’acharne à cultiver des lopins dans les pentes les plus folles, cette terre à blé fraîchement labourée, riche et plate, donnerait sans doute à rêver…


3 commentaires

  1. D’abord on ne voit au premier a bord que le vide puis le regard remplit peu à peu le vide et comme vous dites si bien le silence a son tour se peuple de sons, si nous demeurons attentif à l’écoute de la Nature…votre photo est le témoin de la nature qui s’éveille et qui est un moment propice à la méditation. Claude Monet devait être aussi un contemplatif…et il semble bien qu’il immortalisait son ressenti avec Dame Nature dans certaines de ses toiles…très belle semaine à vous Ariane. Nous envisageons de retourner à Giverny en Octobre car nous ne sommes jamais venus en Automne, quel est le Week-end le plus propice pour revoir le jardin devant la maison et le jardin d’eau aux belles couleurs Automnales? Merci a vous!!!

  2. Muriel, merci pour votre commentaire ! Le jardin de fleurs est très beau en ce moment, très jaune avec les massifs d’hélianthes à leur apogée, mais je vous conseille de venir rapidement, ensuite les fleurs vont aller sur leur déclin. Pour voir les feuillages changer autour du bassin il faut attendre les tout derniers jours, ce qui n’est pas compatible avec un très beau jardin floral. Pourquoi ne pas profiter de mon offre aux lecteurs du blog et venir ce samedi 4 octobre ?

  3. Bonsoir Ariane,je vous remercie de votre réponse. Je ne pourrai pas venir helas le Samedi 4 octobre trop prise par des obligations prevues mais je retiens votre conseil pour aller admirer les feuillages automnales autour du plan d’eau pour la fin du mois avant la fermeture.
    Votre Blog est très bien fait, il est très agréable et on sent votre attachement a ce merveilleux site de Giverny. Un bel endroit de paix et de beaute pour y travailler. Bonne continuation à vous.

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