Pour son ouverture, le musée des impressionnismes Giverny a soigné sa décoration florale. De grandes potées d'anthémis s'alignent le long de l'allée, tandis que des fleurs à corolles blanches ont été piquées un peu partout dans les topiaires et les massifs de lierre.
Ce fleurissement est un hommage à Parterre de marguerites, l'oeuvre de Gustave Caillebotte dont on espère qu'elle va bientôt faire son entrée dans les collections.
Cette acquisition ne tiendrait qu'au résultat d'un projet de financement participatif, dont vous trouverez une très belle présentation sur la plate-forme de crowdfunding, avec photos, vidéo et justifications détaillées.
Le conditionnel s'impose, car selon le Président du Conseil Général de l'Eure, les quatre toiles redécouvertes à l'occasion de la préparation de l'exposition Caillebotte entreront de toutes façons dans les collections. Ces marguerites, tout le monde les aime déjà passionnément. On peut le faire savoir à partir de 5 euros (dont les deux tiers déductibles des impôts, pour ceux qui sont soumis à l'impôt en France).
C'est sans doute maladroit d'ôter tout suspense à l'action de levée de fonds en dévoilant que tout est joué d'avance, mais on ne peut pas en vouloir à notre élu de son enthousiasme.
Le Parterre de marguerites est une toile incroyable, unique, touchante dans sa simplicité, ambitieuse dans son ampleur, audacieuse dans son point de vue frontal.
La répétition des motifs évoque celle d'un papier peint ou d'une impression sur étoffe, qui battaient leur plein en cette fin du 19e siècle, comme l'expliquent très bien les musées de Mulhouse.
Marina Ferretti, commissaire de l'exposition, y voit l'influence du japonisme et une source d'inspiration pour les Grandes Décorations de Monet, pas moins. On sait que les deux peintres étaient très proches et échangeaient beaucoup, notamment en matière de jardinage, où le jeune Caillebotte avait une longueur d'avance sur son aîné. Monet n'hésitait pas à lui demander conseil.
Gustave Caillebotte, fortuné, a été le mécène de Claude Monet au moment où celui-ci en avait besoin, avant l'époque de la maturité et de la reconnaissance. C'est grâce à son legs au musée du Luxembourg que l'impressionnisme a fait son entrée dans les collections de l'Etat, non sans mal. Manet, Monet, Pissarro, Sisley… Il ne s'est jamais trompé. Sa collection constitue maintenant le noyau du musée d'Orsay.
Etre aujourd'hui mécène de l'une de ses oeuvres, chacun selon ses moyens, c'est une façon de lui dire merci.
Je ne connaissais pas ces marguerites de Caillebotte, belle acquisition en vue.