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Monet et la Grande Guerre : blessés et privations

 Après Michel Clemenceau, c’est au tour de Pierre Renoir d’être blessé au début de la guerre, hélas grièvement : le fils du peintre perd l’usage de son avant-bras droit. 

Monet à Durand-Ruel, 9 octobre 1914

Je viens d’apprendre par G. Bernheim que Pierre Renoir avait aussi été blessé. J’espère que ce n’est pas trop grave. 

Ici nous allons bien malgré tant d’inquiétudes,

et jusqu’à présent nous avons de bonnes nouvelles de tous ceux que nous avons sous les armes. Je serais très heureux si vous vouliez bien de temps en temps me donner des nouvelles, on est si heureux de recevoir des lettres, ne voyant plus personne si ce n’est de malheureux blessés ; car il y en a partout, dans les plus petits villages. 

A Giverny  un hôpital de campagne de 14 lits vient d’être installé à l’autre bout du village, dans la grande maison délaissée par les MacMonnies, le ‘Moûtier’. Monet fournit cet hôpital de campagne en légumes de son potager, situé tout près.

L’heure est à la solidarité : Monet, sollicité pour une exposition en faveur des prisonniers de guerre, envoie une caisse de tableaux. A l’Oeuvre de l’aide aux familles des prisonniers, il envoie un pastel. Pour les orphelins des P.T.T., il propose un pastel ou une esquisse de tableau. Un pastel encore pour l’Oeuvre du souvenir de la France à ses marins. Un tableau pour la Fraternité des artistes… Tout au long de la guerre, les sollicitations se succèdent et Monet leur fait bon accueil. 

L’heure est aussi à la débrouille. C’est Charlotte Lysès, la compagne de Sacha Guitry, qui le fournit en cigarettes. L’envoi « me sauve la vie au moment où j’allais en manquer totalement » la remercie Monet avec un humour noir involontaire, lui qui mourra dix ans plus tard du cancer du poumon. 

Sa voiture a-t-elle risqué d’être réquisitionnée ? Monet remercie Clémentel, ministre de l’économie, de son intervention : « Le préfet de l’Eure vient de m’informer que je n’ai pas besoin de présenter mon auto aux Andelys et que je garde ma voiture, et cela à ma grande joie. » C’est Clémentel encore qui lui fait avoir de l’essence, puis du charbon pour se chauffer. La pénurie se poursuivra après la fin de la guerre. Décidément plein de ressources, le ministre lui procure aussi du tabac : « Je reste confus de vous avoir donné tant de peine et le fumeur que je suis vous en est bien reconnaissant. »

Mais il y a pire : « Une chose grave m’arrive, mon marchand de couleurs, M. Mulard, 8 rue Pigalle, m’informe que manquant d’huile, il ne pourra plus me fournir ; il me demande de m’adresser à vous pour m’en procurer. Est-ce possible ?Oui, j’espère, autrement me voilà obligé de m’arrêter court. » Une solution a dû être trouvée, car peu après Monet peut se réjouir avec Clemenceau de la victoire, et lui annoncer le don de deux panneaux à l’Etat. 


2 commentaires

    • Vivian, yes, it is remarkable that Monet had such a long life. He ate a lot but I’m not sure he drank to excess. He also had a healthy life spending most of his time in the open air. But the many cigarettes! That is still a wonder to me.

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Ariane.

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