Pas un seul visiteur à Giverny pour admirer les somptueuses floraisons d’avril cette année. Les jardins de Monet resplendissent pour personne dans la belle lumière printanière. Seuls les jardiniers sont à l’oeuvre, presque au complet, mais sans l’aide des jeunes stagiaires qui renforcent habituellement l’équipe.
Ils ne sont pas démotivés, parce qu’ils aiment trop leur métier, mais on les sent déçus. Tous leurs efforts visent à éblouir le public, au terme de longues réflexions et de beaucoup de travail. Ils savourent à l’avance la magie de ce qu’ils mettent en place, comme Monet autrefois savait le faire, avec son oeil de jardinier qui anticipait les floraisons. Le printemps a fait s’ouvrir les tulipes et les pensées patiemment installées pour le grand show, mais les portes sont restées fermées.
Il flotte sur Giverny confiné une étrange atmosphère. Comme ailleurs, chacun garde ses distances. Les volets de la maison de Monet sont toujours clos. Ce sentiment de vide qui au début nous émerveillait devant les images des places de Rome ou de Paris désertes est devenu opressant. Tout comme le silence peut être assourdissant, le désert humain de nos rues – et des allées du jardin – finit par peser.
Les changements les plus visibles intervenus cet hiver dans le jardin concernent les arbres. Au rond des dames, un nouveau paulownia a été planté à la place de l’ancien, et sa taille encore modeste dégage une perspective inhabituelle. Au jardin d’eau, dans la rangée de trois saules, celui du milieu a été renouvelé. Au bout du bassin, le vieux saule planté par Monet a subi une taille sévère. Une nouvelle pelouse a été créée à la sortie du souterrain, au pied du grand cornouiller blanc.
D’autres surprises surgiront au fil de la saison, notamment parmi les rosiers. Les jardiniers seront-ils encore les seuls à les contempler ? Le printemps galope, en avance de quinze jours, tandis que la date du déconfinement s’éloigne, et plus encore celle de réouverture des musées.
Une idée comme ça, afin que le travail des jardiniers soit quand même vu par le public qui en est privé, pourquoi pas un livre de photos de ce printemps si particulier ?…
En effet Tilia, ce serait une belle idée.
Quand ce magnifique lieu retrouvera ses visiteurs?…on ne sait.
Tu as raison au début on a pu apprécier ce calme inhabituel,mais à présent ,le moral est en berne et même la dernière annonce du président ne rassure pas.
Merci malgré tout pour le partage de ces belles photos.
Merci pour ces photos du jardin sans public, où les oiseaux peut-être se réjouissent davantage que nous du confinement. Bon courage, Ariane, pour ce printemps sans visites, propice aux photographies en toute quiétude. Nous montrerez-vous les jardiniers au travail ?
Tania, je ne crois pas que j’en ai fait. J’évite de faire des photos des jardiniers par respect du droit à l’image. Il est vrai que c’est tentant de les montrer à l’oeuvre.