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Novembre à Giverny

L’effet est aussi brutal que le passage à l’heure d’hiver, qui nous fait changer de saison en une nuit. Il n’aura fallu que trois jours aux jardiniers de la fondation Claude Monet pour métamorphoser la grande allée. Comme chaque année, depuis que le dernier visiteur est parti, tout va très vite dans les jardins de Giverny. Les capucines ont été arrachées, les dahlias retirés du sol et mis en caisse, les asters coupés à ras, le terrain bêché… Le tracteur trône au milieu du chemin, prêt à emporter la remorque de déchets verts au compost. Les échelles dressées indiquent que la taille des rosiers est en cours.

Le système d’arrosage a été retiré, vidangé et sera bientôt stocké. Ses dizaines de petits asperseurs évoquent une guirlande de Noël qui n’attend plus que d’illuminer la nuit.

L’équipe est maintenant dans les massifs le long de la route. La façon de procéder est immuable, rodée par des années de pratique. Les fleurs exubérantes cèdent peu à peu la place à la terre nue. Novembre est le mois qui demande le plus d’effort physique aux jardiniers. « Les deux premiers jours c’est dur, après le corps s’habitue », banalise l’un d’entre eux.

Il est tombé une pluie fine tout le dimanche, mais le temps s’est vite remis au sec. De la douceur encore, 18 degrés l’après-midi. Il faut faire vite, vite, comme toujours, car on ne sait pas de quoi l’hiver sera fait.

Les carrés de pelouse ont retrouvé un vert qu’ils n’avaient plus cet été. Les dernières colchiques s’y pavanent pour personne. Le pommier du Japon croule sous des centaines de petits fruits rouges que nul n’admire.

Certains massifs offrent toujours leur aspect de jungle si déroutant, mêlant sauges et cestrum, ricin et hibiscus, lavatères et persicaires. Mais l’éclat, inexorablement, s’en va.

La question flotte dans l’air : aurait-on pu rester ouvert un peu plus, par exemple jusqu’à la fin des vacances d’automne ? Laisser voir jusqu’au bout ce jardin qui s’essouffle, maintenu en vie par la tiédeur du temps ? Economiquement, sans doute que non, car l’ouverture demande l’emploi d’un personnel nombreux. Mais c’est toujours un peu triste d’arracher des plantes qui fleurissent encore. Dans nos jardins, nous aimons les laisser debout jusqu’au dernier pétale.


2 commentaires

  1. Sacré travail que demande le jardin pour sa période de repos et refleurir au printemps de toute sa beauté!
    Le nombre important de jardiniers que tu cites dans ton précédent billet s’impose…

  2. Je ne m’habitue pas à ces photos de l’allée complètement nue en deux jours ; je trouve que c’est tellement dommage, même si je comprends la démarche. Personnellement j’aimerais bien que le jardin reste ouvert jusqu’à fin novembre.

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Ariane.

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