Claude Monet aurait eu 182 ans aujourd’hui, d’accord c’est absurde. Disons plutôt que la date du 14 novembre est celle de l’anniversaire du peintre. On imagine la salle à manger de Giverny pleine de joyeux convives venus le fêter. Qu’y aurait-il eu à déjeuner ? Peut-être de la bécasse, que son beau-fils Jean-Pierre Hoschedé partait chasser plusieurs jours à l’avance, car Monet l’aimait bien faisandée.
La bécasse se reconnaît à son très long bec effilé, qui lui vaut son nom. J’ignore quel est le goût de sa chair et si elle mérite sa réputation. Peut-être que si je le savais, je serais moins portée à m’attendrir sur cette pauvre bête pendue la tête en bas, et à m’interroger sur ce qui peut pousser un artiste à la peindre et un amateur à acheter le tableau pour le contempler sur son mur.
Bref : toute la famille de Monet était au courant qu’il en raffolait.
Avant que Jean-Pierre soit assez grand pour tenir un fusil, Alice devait acheter l’oiseau, qui se vendait très cher :
Lettre de Claude Monet à Alice Hoschedé, Etretat 20 novembre 1885
Il me faut d’abord vous gronder un peu de votre folie, pour les bécasses. Je sais bien que vous m’en aviez un peu parlé et que je ne m’étais pas trop défendu, mais le moment était mal choisi et vous auriez mieux fait d’économiser cela pour vous. Enfin, je vais me régaler comme un gueulard que je suis, mais j’aurais mieux aimé que vous puissiez être là à partager ce régal avec moi.
Lettre de Claude Monet à Alice Hoschedé, Etretat 21 novembre 1885
Quant aux bécasses, j’en ai mangé une hier soir. Quel repas, bon Dieu, une sole au gratin épatante et la bécasse exquise, le tout y a passé ; c’est honteux de bâfrer de la sorte, aussi m’a-t-il fallu arpenter bien des fois la terrasse du Casino pour faire passer tout cela.
Lettre de Claude Monet à Alice Hoschedé, Etretat 23 novembre 1885
Ce soir je mange la seconde bécasse et songez qu’hier j’avais un perdreau.
Un gueulard est, selon le dictionnaire, une personne qui mange beaucoup ou aime manger bien, quelque part entre le gourmand, le gastronome et le goinfre. Lucide, au moins, le père Monet.
De la viande faisandée, beurk … je n’aurais pas partagé la table de Monet !
Sacré appétit Monet en effet,pas étonnant la promenade digestive ensuite…
Moins attirée par cette toile,vu le sujet,même si les couleurs sont réussies!
Gueulard j’ai toujours entendu ce terme dans le sens de crier fort..mais effectivement il peut aussi nommer une personne qui mange énormément.
C’est curieux comme tous ces mots qui concernent la dégustation commencent tous par la même lettre. Celui-ci a pris un coup de vieux, me semble-t-il, mais il n’est pas marqué comme désuet.
C’est vrai bonne remarque je n’en connais pas la raison si il en a une….
Gargantua encore un « g » connu pour son grand appétit!!