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Monet à Madrid : la rencontre de Beruete

Monet à Madrid : la rencontre de Beruete
Joaquin Sorolla, Aureliano de Beruete, museo nacional del Prado, Madrid

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Le séjour espagnol de Monet en octobre 1904 est peu documenté, car l’artiste est accompagné de son épouse et n’a donc pas besoin de lui envoyer des nouvelles. Heureusement, Alice est là pour prendre la plume. C’est principalement par ses lettres quotidiennes à sa fille Germaine, restée à Giverny, que nous connaissons le déroulement du voyage.

Après un périple mouvementé et harassant commencé en automobile et terminé en train, Claude, Alice et Michel Monet arrivent à Madrid.

Dans la capitale espagnole, les Monet retrouvent Paul Durand-Ruel, le marchand des impressionnistes. Durand-Ruel n’est pas là pour faire du tourisme mais pour acheter des toiles afin de les revendre dans sa galerie parisienne. C’est sans doute lui qui présente Monet à Aureliano de Beruete. Ce peintre paysagiste, critique d’art, est alors le meilleur spécialiste de Velázquez, auteur d’une biographie qui a fait date. Beruete en offre d’ailleurs un exemplaire en français à Monet, qui se trouve toujours dans la bibliothèque de l’artiste à Giverny. Il porte cet envoi : « Au grand maître Claude Monet, hommage respectueux, A. de Beruete Madrid 17 octobre 1904. »

Aimable, mais distant. Malgré les nombreux séjours de l’Espagnol à Paris, tout porte à croire que les deux hommes se voient pour la première fois. Beruete est un ami intime de Joaquin Sorolla, dont on a pu découvrir les toiles lumineuses à Giverny en 2016.

Quelques jours après la rencontre, le 28 octobre, Aureliano écrit ces lignes à Joaquin :

« (…) Claude Monet était là. C’est un jeune vieux fort comme un chêne, qui ressemble un peu à Rico par la robustesse et à Meissonier par la barbe. Avec des yeux très vifs et jeunes. Il parle peu, avec énergie. Il s’est montré admiratif du Greco, de Velázquez surtout et de Goya. Il n’est pas étonné par les autres. Durand-Ruel était là aussi, qui emporte (c’est un secret) le tableau de l’Ascension du Greco et les Majas de Goya. (…) »

Aureliano de Beruete, Cartas a Joaquin Sorolla, Fernando A. Marin Valdes, Dialnet – traduction A.C.

Si Beruete connaissait Monet de longue date, ou s’il soupçonnait que Sorolla le connaisse, il ne prendrait pas la peine de le décrire. Et s’il savait à quel point Monet a pu détester Meissonier, il ne lui ferait pas l’affront de le comparer au vieux maître de Poissy.

La date de leur rencontre, le 17 octobre, est significative elle aussi. Le lendemain, les Monet partent pour Tolède où ils passeront deux nuits. L’impressionniste avait-il prévu d’aller découvrir la ville du Gréco ? Pas un mot de cette destination avant la rencontre avec Beruete. Or, le paysagiste espagnol est un habitué de Tolède où il séjourne chaque année au mois d’octobre. Sauf en 1904, justement. Dans la même lettre, il explique à Sorolla qu’il a été retenu à Madrid par la succession de sa soeur et par les corrections à faire sur la version anglaise de son Velázquez.


6 commentaires

  1. Merci d’avoir fouillé pour nous ces correspondances. Il en ressort un post très intéressant de cet épisode muet de la vie de Monet.
    Impressionnant portrait de Beruete par Sorolla.

  2. Pas évident les longs voyages en ce temps là…
    J’aime la description de Monet par de Beruete « un jeune vieux »…
    Passionnant ce que tu nous relates sur ces artistes.
    Très beau ce portrait réalisé par Sorolla!!!

    • Ces deux hommes qui se regardent avec des yeux d’artistes… Et on voit que Beruete a des mots pour décrire, ce qui manque souvent à Monet.

  3. Très intéressant, ces billets sur les peintres que Monet aimait et ses rencontres. J’aime aussi cette description : « un jeune vieux fort comme un chêne ». Je ne me souviens pas d’avoir vu ce portrait par Sorolla au Prado. Je n’ai découvert ce peintre espagnol qu’à Paris, où il était exposé avec Sargent.

    • Il y a tellement à voir au Prado ! Impossible de prêter attention à chaque tableau. Pas vu l’expo dont tu parles, et je le regrette bien.

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