Quatre ans après sa mort en 1891, le peintre académique Ernest Meissonier, qui fut la gloire de la ville de Poissy, a eu droit à sa statue. Juché sur un socle qui le place à plus de trois mètres de hauteur, l’artiste à la barbe de Dieu le Père se tient la tête, le petit doigt posé sur le sourcil.
Pour le réaliser, le sculpteur Antonin Mercié s’est inspiré de l’autoportrait de Meissonier qui le montre dans la même pose pensive. Mais si dans le tableau le peintre a l’air de réfléchir, son effigie de marbre donne plutôt l’image de l’accablement. La palette à la main, Meissonier semble se demander ce qu’il fait là.
Est-ce la débauche de couleurs étalées à ses pieds pour l’honorer qui le plonge dans un tel désarroi ? Ou regrette-t-il quelques-unes de ses prises de position, contre la tour Eiffel, contre les impressionnistes au Salon, contre Monet, qui fut un temps son presque voisin ?
Meissonier fait maintenant face à la route où il regarde défiler les voitures de la modernité. Il tourne le dos au parc qui porte son nom, si bien que pour qui arrive de ce côté, la statue a un aspect assez étrange : on y lit Iena 1806, Friedland 1807, Campagne de France 1814, et la mention du Général Desaix achève de convaincre le promeneur qu’il est face à un monument qui commémore les hauts faits d’un militaire.
Le passant fait alors le tour, et découvre cette attitude avachie rien moins que martiale. Pauvre Meissonier !
Lovely humorous observations. You’re right, poor Meissonier!
And such an extraordinary painter at the same time…