Après le parcours impressionniste « Au fil de la Seine » qui réunissait de nombreux maîtres ayant travaillé sur les bords du fleuve, le musée des impressionnismes Giverny revient à une exposition monographique. Jusqu’au 31 octobre 2010, c’est le peintre Maximilien Luce qui est dans la lumière.
Comme Joan Mitchell l’an dernier, Luce a un lien géographique avec Giverny, puisqu’il a fini ses jours à Rolleboise, à une dizaine de kilomètres, et qu’il y est enterré.
Mais c’est avant tout son style qui fait de lui un peintre de la lumière, et le place dans la mouvance de Claude Monet. De 18 ans plus jeune (il est né en 1858), il fait partie des néo-impressionnistes en compagnie de Seurat, Signac et Cross, tous trois ses amis.
Le musée des impressionnismes n’a eu cette fois aucun mal à réunir les oeuvres présentées, dans l’intention de retracer toute la carrière artistique de Luce. Toutes les demandes de prêts ont été acceptées, ce qui fait de la rétrospective givernoise une sorte de parcours idéal dans l’oeuvre du peintre.
A voir l’époustouflante collection de chefs d’oeuvre, la maestria de Luce dans le traitement de la lumière, on comprend le désir du musée de rendre à Luce la place qui lui revient. Comment un tel peintre a-t-il pu rester dans l’ombre, ne jouir que d’un succès relatif ?
La réponse se lit dans les tableaux, les dessins et les gravures exposés. Luce a eu le tort d’être un artiste engagé, un fervent défenseur des plus faibles, peu avare de son talent pour lutter du côté des syndicalistes ou des anarchistes, pour dénoncer les répressions de la Commune, pour faire sentir la fatigue accablée des Poilus. Pas vraiment les meilleurs prémices pour se faire un nom auprès des collectionneurs, principalement bourgeois ou aristocrates.
Au fil de l’exposition, la personnalité de Luce transparaît. Autant Monet s’immerge dans le paysage, la représentation de la nature, autant Luce n’a d’yeux que pour l’homme. C’est un merveilleux portraitiste. Et même dans ses paysages, la présence humaine est quasi constante. Il s’enthousiasme pour le Paris haussmannien en pleine effervescence de construction, tout comme pour les aciéries du Pays Noir belge, qui lui donnent l’occasion de décrire avec lyrisme la beauté de l’effort humain.
Ce n’est qu’à la fin de sa vie que, retiré à Rolleboise, il retrouve une certaine sérénité pour évoquer la douceur des bords de Seine.
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