Le musée de Vernon présente jusqu’au 26 octobre 2008 une somptueuse exposition du peintre et sculpteur animalier Charles Maurice Prost.
L’art animalier (l’une des spécialités du musée de Vernon avec les tableaux impressionnistes et les dessins de Steinlein et Poulbot), a été très en vogue dans l’entre-deux guerres. Après la célébration du végétal qui a précédé la Première Guerre Mondiale, et à cause de la méfiance envers l’homme que celle-ci a généré, beaucoup d’artistes se sont tournés vers le règne animal dans les années vingt et trente.
C’était l’époque de l’art déco, avec son épuration de la ligne et de la forme. Maurice Prost a tiré le meilleur de ce courant artistique en magnifiant les animaux sauvages qu’il allait observer à la ménagerie du Jardin des Plantes à Paris.
On se passionnait alors pour les colonies dont l’exotisme faisait rêver. Maurice Prost s’est surtout attaché à représenter les félins. Des panthères, des panthères et encore des panthères, des tigres, des lions, des lionnes, et puis décidément des panthères. Et puis non, j’exagère, des ours blancs, des chevreaux aussi, tiens tiens, un cobra incroyable taillé dans du marbre de couleur…
C’est envoûtant. Prost a dégagé la beauté plastique des félins, toute leur force, leur souplesse, tout cela sous des patines de pierre ou de bronze d’une absolue finesse.
L’artiste lui-même n’était pas une force de la nature. Il avait vingt ans quand la guerre de 1914 a éclaté.
Qu’importe le talent ? On l’envoie au front. Il a le malheur ou peut-être la chance d’être blessé dès la première semaine du conflit. Il faut l’amputer du bras gauche.
Comment continuer à créer avec un seul bras ? Il faut deux mains pour sculpter, l’une pour tenir le burin, l’autre pour manier la masse. Il modèle. Il peint. Il dessine. Jusqu’au jour où il s’équipe d’un burin pneumatique.
Les photos le montrent au travail, l’outil coincé contre l’épaule gauche, la manche vide au-dessous. Maurice Prost va s’attaquer aux pierres les plus dures avec cet engin, comme un défi. Le résultat est superbe.
Au final on ne sait qu’admirer le plus, les mystérieux félins en mouvement ou la leçon de vie de l’homme qui les a créés, sa fantastique faculté de résilience.
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Un peu troublé par les prénoms : Maurice ou Charles ? En tous cas pas Alain ! Outre celà, quelle leçon de courage.
Merci ! Charles Prost est l’auteur d’un beau livre de photos sur le jardin de Monet, c’est pour ça que je m’embrouille. Alain Prost, tout de même pas de risque de confondre, même si Prost Grand Prix était installé à Guyancourt de 1997 à 2002. Mais, hum, au hasard, Maurice Prost et Marcel Proust, c’est bien proche aussi, n’est-ce pas ?