Il est toujours intéressant de découvrir comment on fabrique les objets qui nous entourent. Comment, par exemple, on été produits vos lacets de chaussures si impeccablement tressés ? Les embrasses des rideaux, à la torsion parfaite ? La mèche des bougies de votre gâteau d’anniversaire ?
Le plus souvent, aujourd’hui, les méthodes de fabrication des objets nous restent obscures, tenues au secret derrière les murs des usines. L’automatisation les rend d’une complexité telle que le profane ne peut la percer.
Au 19e siècle, ce n’était pas le cas. On a l’impression qu’il suffit d’un peu d’attention et de concentration pour tout comprendre de la façon dont on produisait les objets alors, étape après étape.
C’est ce sentiment de voir dévoilé un monde compréhensible, fruit du génie humain, qui s’impose quand on visite la Corderie Vallois, à Notre-Dame de Bondeville, juste à côté de Rouen.
Cette ancienne filature est devenue une fabrique de cordes en 1880. L’énergie provenait du Cailly, une rivière qui faisait fonctionner 94 usines réparties sur à peine 20 kilomètres. Toutes ces filatures, indienneries, teintureries, corderies, ces tissages avaient un point commun, ils faisaient partie de la filière coton, un matériau qui arrivait à Rouen par bateau.
A partir de la roue à aube, la force hydraulique faisait tourner des arbres de transmission et actionnait toutes les machines de l’usine. A la corderie Vallois, les plus lourdes, en fonte, se trouvaient au rez-de-chaussée.
La corderie Vallois a fonctionné pendant un siècle, jusqu’en 1978. Sa transformation en musée l’a figée dans son état initial, qui plonge le visiteur dans la réalité de la condition ouvrière au temps de Zola ou de Monet. On respire l’odeur de graisse répandue en permanence sur les machines, ont entend leur bruit assourdissant, on perçoit le danger de blessure.
Chaque machine avait sa fonction, tordre les fils, les embobiner, les câbler, en faire des pelotes… Certaines occupent toute la longueur du bâtiment, d’autres ne prennent guère plus de place que votre ordinateur.
Dans un ballet impeccablement réglé, les fils tournent, s’assemblent et composent quelque chose de nouveau qui a un air familier.
Du matin au soir, les ouvrières et les enfants étaient à leur poste, dans la poussière de coton et le vacarme, ce cliquetis de 80 machines lancées au grand galop. Tous les quinze jours, les femmes venaient toucher leur maigre salaire en se présentant au guichet du bureau du directeur. Enfermé dans une cage vitrée dans un coin de l’usine, celui-ci jouissait d’un calme très relatif.
Oh quelle joie de lire ici au sujet de ce lieu incroyable !
c’est vraiment un endroit où on comprend comme ça marche, comme la mécanisation s’est mise en place
à quel point la vie ouvrières de ces (très jeunes) femmes en majorité là bas était dure et sans humanité.
Et puis il faut dire le luxe de visite, le guide lance la grande roue, l’énergie hydraulique lance les mécanismes… c’est magique ! Et la corderie vibre de partout à nouveau, et le bruit des machines de fonte envahit les deux étages… même pour une seule maman et trois enfants !
Ma grande crainte c’est que ce musée ferme, il est tellement riche d’enseignement, et à chaque fois nous étions si peu nombreux…
Clo, j’ai beaucoup apprécié la visite guidée moi aussi. S’agissant d’un musée départemental à la muséographie impeccable, je ne pense pas qu’il soit menacé.