Photo Talisman Brolin : recréation de la grande allée de Monet au New York Botanical Garden
A priori, le Bronx n’est pas le quartier de New York qui figure en tête des incontournables pour qui visite la mégapole américaine. Mais si je pouvais faire un saut outre-Atlantique, je suis sûre que je commencerais par là. Le jardin de Claude Monet a été recréé cette année dans la grande serre du jardin botanique de New York, situé, vous l’aurez deviné, dans le Bronx.
Depuis le mois de mai, les médias se sont fait largement l’écho de l’évènement, y compris les médias français. Il y a de quoi, car l’équipe en charge du projet a travaillé trois ans pour le mettre en place. La serre a imposé sa forme allongée, c’est donc le grand axe du jardin de Giverny qui a été reproduit de la façade de la maison jusqu’au pont japonais.
Ce n’était sûrement pas une mince affaire de copier les structures, portail, arceaux, pont, persiennes… Mais donner une idée des plantations aussi était un challenge. 450 variétés de plantes ont été sélectionnées pour fleurir tout au long de la saison jusqu’au 21 octobre. Sur cette surface réduite, elles donnent une bonne idée de la palette des floraisons de Giverny, où quelque 4000 végétaux différents s’épanouissent.
Pour parfaire le projet, les organisateurs ont obtenu le prêt de deux tableaux (Le jardin aux Iris et Iris d’une collection particulière suisse), ainsi que de documents qui se trouvent d’ordinaire à Paris. Faute de place dans la serre, les nymphéas s’étalent dans un bassin à l’extérieur, en compagnie de lotus.
Oui, je sais, il n’y a pas de lotus à Giverny. Mais qui prétend que c’est Giverny ? Seuls les journalistes qui n’ont pas mis le pied en Normandie depuis longtemps utilisent le terme de copie conforme, et même de réplique.
De l’avis des New-Yorkais qui m’en ont parlé cette année, l’expo du jardin botanique est un hommage au maître de l’impressionnisme. Elle s’inspire de son jardin. « C’est très joli, mais ça n’a rien à voir avec ça », disent-ils en embrassant du regard l’étendue fleurie de Giverny.
Certains se souviennent de la perfection des fleurs, bêtes de serre jamais confrontées aux intempéries ou aux ravageurs, impeccables comme chez le fleuriste. Pourquoi avoir choisi une serre pour y figurer un jardin situé à une latitude similaire ? Mystère.
Au-delà de l’aspect factice de la repro, l’universalité de Monet se vérifie une fois de plus. Il fait bouger les foules partout dans le monde. Se réclamer de lui pour un évènement, c’est le succès garanti.
Surtout, ce qui me touche dans cette exposition, c’est sa francophilie manifeste. Ce projet n’aurait pas été possible il y a quelques années à peine, quand le beaujolais coulait dans les caniveaux et que les frites, les french fries, étaient débaptisées.
Enfin, j’admire l’enthousiasme américain. Sûrs que le public sera au rendez-vous, les organisateurs ont prévu quantité d’animations autour du thème de l’expo du Botanical Garden. C’est comme une année Monet à New York.
Ils y croient, à leur idée. C’est impressionnant, toute cette énergie prête à déplacer des montagnes. Qui lancerait un projet équivalent en France ? Et qui le financerait ? L’enthousiasme des New Yorkais est tel qu’ils n’ont pas hésité à mettre les entrées à la serre à 20 ou 25 dollars.
A titre de comparaison, l’entrée au vrai Giverny est à 9 euros cette année. Et déjà, on trouve ça cher.
J’ignorais complètement ce projet, vu d’ici on ouvre un peu des yeux ronds.