Pour travailler plus facilement, les jardiniers de Giverny ont enlevé les chaînes et les piquets qui protègent d’habitude les massifs des pas des visiteurs. Et il a suffi de cela pour qu’on bascule dans autre chose. C’est le jardin tel que Monet pouvait le voir, lui qui en était le presque unique usager.
Toutes les allées gravillonnées sont ouvertes, offertes au regard, invitantes. Elles débouchent sur les allées en dur comme des ruisseaux dans la rivière. Entre elles, les massifs renflés cachent encore les trésors de couleurs qu’ils distribueront généreusement dans quelques semaines.
Tout paraît planté déjà. Le clos et le jardin d’eau sont juste un peu moins au garde-à-vous qu’en saison, quand ils sont constamment ratissés, balayés, soufflés.
Ces tâches reviendront, mais pour le moment les jardiniers en ont d’autres à accomplir. Ils s’affairent dans un va-et-vient de brouettes emplies de branchages ou de mauvaises herbes.
Ici on ne mulche pas, par souci esthétique, et sur le sol nu les sauvageonnes auraient vite fait de proliférer. « Vous aimez désherber, Ariane ? » Me voilà accroupie dans la grande allée, à arracher la véronique avec une joie secrète. Oserais-je l’avouer ? C’est comme un vieux rêve, celui de broder quelques tout petits points dans la grande tapisserie du jardin.
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J’ai cherché "mulcher" et j’ai compris : à Giverny on désherbe à la main, quel travail.
Un jardin sans chaînes, profitez-en pour broder à l’envi.
Tania, j’aurais peut-être dû écrire pailler pour éviter l’anglicisme.