C'est assez saisissant de voir un sanglier débouler dans votre jardin. Après coup je suis contente de ne pas avoir été dehors à ce moment-là, mais en train de bloguer tranquillement devant la fenêtre. Il est entré par l'allée, comme le livreur d'UPS, et j'ai vu ses défenses, son groin aux narines ouvertes, son poil rèche et cet air bossu qu'ils ont, l'échine courbée vers le sol. Même si l'on n'en croise pas tous les jours, les sangliers sont faciles à reconnaître. Merci Uderzo.

Il n'a passé qu'une minute dans mon jardin. Le temps que j'aille chercher l'appareil photo et déjà il sautait le mur avec une légèreté dont je ne l'aurais pas crû capable. Par chance, aucun véhicule ne passait à cet instant sur la route de Giverny.
C'est la chasse qui dérange les bêtes, qui les fait quitter le fond des bois et s'approcher des maisons. Les coups de feu résonnaient bien près des habitations.
Ce matin même, la boulangère saluait un client comme une vieille connaissance :
– Alors Jean-Pierre, tu n'es pas à la chasse ce matin ?
– Je laisse le gibier aller voter !
Tous les chasseurs ne sont pas aussi débonnaires, à respecter une trève électorale…
On chassait du temps de Monet, et l'on sait que le peintre adorait les viandes bien faisandées. On chasse toujours à Vernon, assez pour faire vivre deux armuriers dans la ville.
C'est un sujet sensible car la chasse déclenche toujours les passions. Je n'ai envie ni d'ouvrir le débat, ni de prendre parti. Mais je sais une chose, surtout depuis que j'ai croisé le regard affolé du sanglier ce matin : pour ma part je serais incapable de tirer sur une bête. Complètement, irrémédiablement et définitivement incapable.