C’est l’époque de l’année où l’on voit les feuilles des arbres tomber. Au moindre souffle, elles se détachent et chutent en douceur, si légères qu’elles n’ont rien à craindre de la pesanteur. Qu’est-ce qui les attend en bas ? Le plus souvent, d’autres feuilles qui les ont devancées. Elles s’ajoutent à leurs consoeurs, elles s’empilent, elles s’entassent. Les voici fondues dans la masse, dans le tapis de feuilles sèches.
Mais dans les jardins de Monet, les plantations sous les arbres sont si nombreuses et si variées que la surprise est chaque fois au rendez-vous. Bien sûr certaines feuilles aterrissent dans les allées ou sur les gazons, mais le plus souvent elles viennent choir dans des arbustes, des fleurs, ou même sur les radeaux de nymphéas.
Pour le photographe, ce sont de nouvelles associations de formes, de couleurs, de textures qui ont quelque chose d’aléatoire, ce qui les rend d’autant plus fascinantes. Les feuilles qui tombent et celles qui les réceptionnent, réunies par les hasards du vent et de la chute, ont l’air de se parler. Que se disent-elles ?
Ont-elles des mots de courtoisie, comme on parle à la personne assise à côté dans l’avion ? Racontent-elles leur voyage des cimes au sol ? Après leur changement de couleur, leur nouvelle perspective sur le monde, plus près des pâquerettes ?
Ce sont des migrantes, riches de toute leur expérience en haut de l’arbre, maintenant détachées de leurs branches et de leurs racines. Souhaitons que les plantes d’en bas sachent entendre leur discours, elles qui n’iront jamais se balancer dans la brise aussi haut que volent les oiseaux.
Oh Ariane, such beautiful words for the life of the humble leaf …
Carola, it’s fabulous being able to fly through the airs, isn’t it? 😉