Collégiale Notre-Dame du Grand Andely, Vitrail de l’enfance du Christ, Adoration des mages, 1510-1520
Combien de galettes des rois avez-vous partagées depuis le début du mois ? Un certain nombre, j’imagine. Il est même difficile de trouver d’autres pâtisseries chez les boulangers.
On n’est pas très sûr que les mages étaient rois, on est même plutôt sûr du contraire. Mais l’iconographie religieuse a popularisé le motif des rois mages avec leurs couronnes, comme sur ce vitrail du 16e siècle qui se trouve dans l’église Notre-Dame du Grand Andely.
L’image en est plus parlante : agenouillé, sa couronne à la main, le roi Melchior fait preuve d’une humilité qui frappe les esprits. Il porte de riches vêtements de pourpre et d’hermine, marque de sa richesse et de sa puissance, tandis que l’Enfant est nu.
Derrière lui, Gaspard et Balthazar attendent leur tour. Et dans le coin gauche, derrière Marie, l’étoile qui les a guidés brille.
Comme souvent, le maître-verrier s’est librement inspiré de la Légende dorée de Jacques Voragine.
Le premier des Mages s’appelait Melchior, c’était un vieillard à cheveux blancs, à la longue barbe. Il offrit l’or au Seigneur comme à son roi, l’or signifiant la Royauté du Christ.
Le second, nommé Gaspard, jeune, sans barbe, rouge de couleur, offrit à Jésus, dans l’encens, l’hommage à sa Divinité.
Le troisième, au visage noir, portant toute sa barbe, s’appelait Balthazar ; la myrrhe qui était entre ses mains rappelait que le Fils devait mourir.
Pour l’instant, il va très bien, le Fils. C’est un beau bébé joufflu et souriant qui a l’air bien plus grand et plus éveillé qu’un nouveau-né. C’est normal, il est supposé avoir entre un et deux ans.
On a tendance à télescoper les deux histoires, celle de la Nativité avec le bébé dans sa crèche, et celle des Rois. Mais, selon la Bible, il s’est passé des mois entre les deux. Marie a eu le temps de se remettre de l’accouchement pendant quarante jours, Jésus a été présenté au temple, puis avec Joseph tous trois sont rentrés à Jérusalem.
Pendant ce temps, les mages cheminaient, venus des confins du monde connu, à la poursuite d’une étoile. A la recherche d’un nouveau-né divin.
Ce que représente le vitrail, c’est l’aboutissement de ce pèlerinage. La fin de la quête, de l’attente. La rencontre avec le Christ, un face à face extraordinaire.
Il nous est donné de ressentir un peu de leur émotion lorsque l’enfant paraît, après des mois de désir et d’attente. Dans les regards profonds et graves des nouveaux-nés, tout juste arrivés de l’autre côté du miroir, flotte encore quelque chose de l’être immatériel qu’ils ont été. Avant qu’ils n’acquièrent la parole et le souvenir, tandis qu’ils ne sont pas encore tout-à-fait de ce monde, « ce sont tous de petits anges du ciel. » (Ermanno Olmi)
Belle lumière dans ce vitrail du XVIe siècle. Merci pour les explications, un rappel intéressant de l’Epiphanie ou quand une réalité cachée se manifeste, apparaît.
(Mon commentaire sur le billet précédent n’est pas passé, espérons que celui-ci trouve son chemin.)
Merci Tania pour tes deux commentaires, j’étais loin de mon ordi depuis hier.
un bon article et une belle image