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Monet et les hémérocalles

Les Hémérocalles, Claude Monet. Huile sur toile

C'est au musée Marmottan-Monet à Paris qu'on se trouve face à face avec cette toile de grandes dimensions : 150 x 140 cm. Aussi hauts que nature, les hémérocalles flamboient avec grâce, émergeant de leur masse de feuilles d'un vert vif.

 A l'arrière-plan, le bassin aux nymphéas est évoqué par des teintes atténuées qui mêlent le ton moutarde au mauve le plus doux.

Tout étonne dans ce tableau, de l'audace du coloris si plaisante à l'oeil à l'énergie qui fuse de la toile. On perçoit le geste ample et déterminé du peintre. Tout vibre. On a l'impression de sentir la brise qui souffle.

Daniel Wildenstein pense que cette toile a été peinte pendant la Première Guerre mondiale, vers 1914-1917. Il y a tout juste un siècle, Monet se tenait près de son bassin et peignait, pour oublier le canon qui grondait au loin. 

C'est tout à l'honneur de l'auteur du catalogue raisonné d'avoir cherché à définir précisément quelles étaient les fleurs peintes par Monet. Trop souvent les titres des tableaux sont donnés à la va-vite par une toute autre personne que le peintre, et cela devient n'importe quoi. La notice de l'oeuvre précise :

Gérard Aymonin, sous-directeur du Laboratoire de phanérogamie au Muséum national d'histoire naturelle, à qui nous avons soumis une photographie de cette étude, a bien voulu nous indiquer : "Il s'agit avec une presque certitude de l'hémérocalle à fleurs rouges, originaire de Chine, très fréquemment cultivée au début du siècle."   

Si comme moi vous brûlez maintenant de savoir ce qu'est la phanérogamie, vous serez heureux d'apprendre que c'est l'étude des phanérogames, c'est à dire des plantes ayant des organes de reproduction apparents dans le cône ou la fleur. 

Ce sont sans doute les mêmes hémérocalles que l'on voit dans l'oeuvre cataloguée au numéro suivant, pour laquelle Monet a un peu déplacé son chevalet :

 

Hémérocalles au bord de l'eau, Claude Monet. 1914-1917 200 x 200 cm. Collection particulière

Même palette audacieuse, même gestuelle sensible, et pourtant tout change encore. Le cadrage en plongée déroute. Où finit la berge, où commence l'étang ? Les bleus sur lesquels se détachent l'orange des hémérocalles sèment la confusion. Bleu de l'eau ? Bleu de l'ombre ? Ou juste du bleu pour apporter la couleur complémentaire et faire ressortir l'orange ? 


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