Le béton et un matériau noble, vous explique-t-on quand vous visitez Le Havre. Le procédé est employé depuis la fin du 19e siècle, mais il ne s’est imposé que progressivement. Longtemps, la pierre a été considérée comme plus noble. Aujourd’hui, la question ne se pose même plus. On ne construit plus de murs de pierre, le coût n’est plus envisageable, au mieux, on l’utilise en parement, sur les façades.
Auguste Perret, l’architecte qui a mené la reconstruction du Havre, a voulu donner à ce matériau à fort potentiel ses lettres de noblesse. Parce qu’ils en exploitent toutes les ressources, ses immeubles écrivent à leur manière une défense et illustration du béton.
Dans la couleur, d’abord. Le béton offre l’avantage de se laisser teinter. Perret lui donne différentes nuances de rose, que le gris du ciel fait curieusement ressortir. En découvrant Le Havre un jour éclatant de juillet, je n’avais pas remarqué le rose du béton. je n’avais eu d’yeux que pour les parterres fleuris et les arbres des avenues. Quand j’y suis revenue en janvier, plus rien ne détournait l’attention des immeubles roses sur le ciel morose.
Dans sa finition de surface, ensuite. Perret utilise toutes sortes de graviers et de sables. Certains présentent de minuscules galets polis par les rivières, de différentes tailles et couleurs. D’autres sont unis et calibrés. Les surfaces sont souvent travaillées après décoffrage, bouchardées pour faire ressortir la matière.
Enfin, l’art de Perret a été de s’appuyer sur les caractéristiques physiques du béton pour donner du rythme à ses constructions. A la fin des années quarante, la portée maximale d’une poutrelle de béton est de 6,24 m. Perret en fait un nouveau chiffre d’or. Toutes les dimensions des bâtiments, des rues et des places sont extraites de ces six mètres vingt-quatre mythiques. C’est la clé de l’équilibre, de l’harmonie qui se dégage de la Reconstruction havraise.
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