A chaque fois, l’impression est navrante : on lève les yeux pour admirer le porche d’une église, et on s’aperçoit que les statues sont mutilées ou ont carrément disparues.
Ce vandalisme ne date pas d’hier. Il a sévi à deux siècles d’écart, lors des Guerres de Religion puis à la Révolution.
1562 a été une année noire pour les monuments religieux normands. Au printemps, en avril-mai, des fanatiques huguenots, « des hommes armés, aussi furieux que des chiens enragez » ravagent les églises de Rouen, Lisieux, Dieppe… Leur folie destructrice sévit plusieurs jours dans chaque cathédrale.
A la Révolution, vers 1789-90, les dégradations recommencent. Non seulement certains iconoclastes veulent faire disparaître les témoins de la dévotion « ridicule » des générations précédentes, mais les monuments sont souvent vendus comme biens nationaux et réduits à l’état de carrières de pierres ou de locaux industriels.
A l’église Saint-Taurin d’Evreux, le tympan du portail sud n’est plus que l’ombre de lui-même après les dégâts subis à la fin du 18ème siècle. Il remontait à 1253. Les sculpteurs, ou plutôt les ymaginiers, pour employer le beau nom qu’on leur donnait en Normandie au Moyen-Age, y avaient représenté une scène qu’on devine encore aujourd’hui : un Christ assis sur un trône, entouré des symboles des quatre évangélistes, aigle, lion, boeuf, homme. Au-dessous, sur le linteau, la vie de Saint-Taurin se développait en cinq scènes. Là, les vandales ont martelé toutes les têtes des personnages.
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