Manque de chance, il a gelé cette année à la fin octobre. Le plus souvent les gelées nocturnes ne se produisent pas avant la Toussaint. Mais trois nuits trop froides ont dévasté le jardin de Monet dix jours avant la fermeture.
Je n’étais pas très fière de montrer à mes clients le clos normand en piteux état, même si personne n’y est pour rien, cela n’a tout de même rien à voir avec le spectacle enchanteur qu’il offre d’habitude. Mais il restait le bassin et sa douce mélancolie, il restait la maison de Monet toujours aussi belle.
Et puis j’ai pris l’appareil photo et je me suis approchée des dahlias roussis, des asters ébouriffés, des roses d’Inde flétries, des rudbéckias desséchés, des capucines anéanties.
Ils avaient des allures curieuses, leurs pétales plaqués comme s’ils sortaient de la douche, ou encore entortillés en écharpes, leurs jupes froissées et pendantes…
Ils semblaient exténués par une longue bataille contre le gel, où seules demeuraient victorieuses les dernières roses de la saison.
Ils m’attendrissaient comme le doux visage de ma grand-mère tout sillonné des marques du temps.
Heureux de vous trouver de retour !
Bonne continuation.
Bataille des fleurs contre le gel
bataille de la petite chèvre contre le loup
le plus fort gagne
…………………
mais rien ne peut effacer
le souvenir de la beauté
et les visages des êtres aimés !
Magnifique ! Continuez d’écrire et de capturer des instants magiques par le récit et la photographie : vous m’avez donné envie, non seulement d’aller visiter les jardins de Giverny, mais de vous écouter…
C’est tellement rafraîchissant de constater que certaines personnes continuent de manier la langue française avec autant de dextérité et d’amour ! Mais c’est peut-être est-ce un privilège de savoir s’émerveiller d’une fleur fânée …