Devant l’étendue des jardins de Giverny, la question s’impose : combien de jardiniers étaient dévolus à leur entretien, à l’heure où le maître ne se souciait plus de mettre la main à la pâte ?
Le dénombrement de 1906 permet d’apporter une réponse a minima. Giverny compte alors 310 habitants. Chaque habitant du village est recensé, avec sa profession et le cas échéant le patron pour qui il travaille.
En 1906, Monet emploie, habitant à Giverny :
- Félix Breuil né en 1867 à Rémalard dans l’Orne, jardinier. Il vit avec son épouse Marie Saunier et son fils Léon dans la maison voisine des Monet. C’est le chef-jardinier.
- Léon Loisel, né en 1887, jardinier. Il habite sous le toit des Monet, peut-être dans le second atelier.
- François Delasse, né en 1846, journalier. Il vit avec sa femme et son père rue des Grands Jardins.
- Jean Denais, né en 1859, journalier. Il demeure rue aux Juifs avec sa femme et leur petite fille.
- Joseph PHILIPPE, né en 1887, jardinier. Sa maison est rue du Chêne, juste à côté de celle de Jean-Pierre Hoschedé et son épouse. C’est sans doute lui qui est responsable du potager de Monet, situé à la même adresse. Delasse et Denais travaillent-ils au potager, dont ils sont plus près, ou dans les jardins de Monet ? Il n’est pas impossible qu’ils aient été affectés à l’un ou l’autre jardin en fonction des besoins.
Les journaliers, peut-être moins qualifiés que les jardiniers, étaient théoriquement embauchés de façon ponctuelle pour les gros travaux. Le fait qu’ils citent Monet comme leur patron laisse entendre qu’ils travaillent exclusivement pour lui, car lorsque les employeurs sont multiples, l’agent recenseur porte la mention « divers » dans la case employeur.
On compte donc (au moins) 5 jardiniers pour les jardins potager et d’agrément, qui ont atteint leur taille définitive de près de 3 hectares au total.
D’autre part, Monet a plusieurs autres personnes à son service :
- Sylvain Besnard, né en 1866, chauffeur d’auto. Marié et père de 3 enfants, il vit avec sa famille tout près de chez Monet, rue de l’Amsicourt.
- Julien Houdayé, né en 1867, valet de chambre
- Joséphine Epiard, née en 1870, cuisinière
- Marie Thérin, née en 1885, femme de chambre. Ces trois dernières personnes sont domiciliées chez Monet.
Au total 9 personnes habitant le village, soit sous son toit, soit dans leur propre maison. Est-il possible que d’autres employés logent dans les communes avoisinantes ? Ce n’est pas exclu, mais on peut en douter, car elles sont distantes de plusieurs kilomètres de la propriété de Monet. Les recensements de Bois-Jérôme-Saint-Ouen, Sainte-Geneviève-les-Gasny et Limetz-Villez, les villages les plus proches, ne livrent aucun nom d’employé de Claude Monet.
Ce chiffre de 9 employés est le maximum relevé. En 1901, Monet a une cuisinière, un valet de chambre et 3 jardiniers, soit 5 personnes au total. En 1911, ils sont 8 employés dont 3 jardiniers, en 1921 et en 1926 on en compte 7 dont 3 jardiniers. Le chiffre communément avancé de 6, voire 7 jardiniers au service de Monet paraît donc exagéré, du moins pas à temps complet.
A noter, le fameux jardinier Florimond évoqué par Claire Joyes dans les Carnets de cuisine de Claude Monet apparaît dans le seul recensement de 1901, installé rue du Chêne. Son nom complet est Florimond Bellanger, il a 33 ans. En 1901 Monet emploie aussi Désiré Vavasseur et Henri Delasse comme jardiniers.
Après la mort de Claude Monet, les recensements révèlent que Blanche Monet continue d’avoir des jardiniers à son service pour l’entretien des jardins. En 1936, elle emploie Louis Lebret et Kléber Lebrun comme jardiniers du Pressoir, et Orazio Zivacco, qui habite rue aux Juifs, pourrait être le jardinier du potager. Elle a toujours Silvain Besnard comme chauffeur, Marguerite Lavenu est la cuisinière, son mari Paul est domestique. Blanche a donc sous ses ordres 6 personnes, alors qu’elle vit seule !
Six personnes pour elle toute seule. Pas gênée Blanche !!
C’était certainement Michel Monet qui payait pour elle. Il lui devait bien cela. Elle n’a rien perdu de son train de vie.
Moi qui m’intéresse à la généalogie,j’aime beaucoup étudier les recensements qui déjà donnent la composition des familles et parfois nous permettent d’avancer dans les recherches et informent sur le « train de vie » de nos ancêtres.
Je ne sais pas le nombre de jardiniers actuellement chez Monet,c’est sûr plus de femmes valets de chambres ni chauffeur,mais de sympathiques guides à présent!!!!
Marie-Claude, je te souhaite beaucoup de succès dans tes recherches généalogiques, c’est passionnant !
La fondation Claude Monet emploie 12 jardiniers professionnels. Préparer un jardin qui reste magnifique sur toute sa surface pendant 7 mois est un nouveau défi que n’avaient pas les jardiniers de Monet. Au total plus de 50 personnes sont salariées de la fondation en saison, sans compter les guides qui sont indépendants.