Une expression revient souvent dans la correspondance de Monet : « je travaille à force ». Cette locution ne se dit plus, comme le précise le Petit Robert qui qualifie l’expression de ‘vieux’, c’est-à-dire peu compréhensible de nos jours et jamais employée.
Le Nouveau Dictionnaire Encyclopédique de 1888 la juge simplement ‘familière’. Il faut prendre le ‘à force’ dans le sens de beaucoup, extrêmement. Le rédacteur donne pour exemple : travailler à force. Le Petit Robert préfère citer Ronsard : « Ne vois-tu pas le sang, lequel dégoutte à force ».
C’est une chose qui impressionne chez Monet : son extraordinaire capacité de travail. Elle force l’admiration. En travailleur de force, Monet est capable de manier la brosse pendant une dizaine d’heures par jour. Jusqu’à s’en blesser le pouce qui tient la palette.
Lors de ses campagnes de peinture, rien ne vient le distraire de sa tâche. Il enrage quand le mauvais temps le force à l’inaction.
C’est aussi une force de la nature, ne craignant ni le froid ni la pluie. Bien emmitouflé, il brave des froids polaires pour peindre la Seine gelée à Vétheuil. Cette année-là, le thermomètre descend à -25°.
Monet est un matinal, debout à l’aube été comme hiver. Quand il est pris de la fièvre de peindre, il travaille sans discontinuer jusqu’à la tombée du jour. A 68 ans, nous savons par sa femme Alice qu’il peint encore plus de six heures par jour pendant leur séjour à Venise. Force est de constater que sans cette force de travail peu commune et l’exigence extrême envers lui-même qui le harcèle, Monet n’aurait pas réalisé l’oeuvre qu’il nous a laissé.
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