Un Chêne au Bas-Bréau, le Bodmer, Claude Monet, 1865, Métropolitan Museum of Art, New York
La forêt de Fontainebleau a été le premier site naturel protégé au monde, et cela grâce en partie à des peintres. Dès 1853, en pleine période de l’école de Barbizon, 624 hectares font l’objet d’une protection pour qu’ils puissent servir de motif aux paysagistes. C’est la « série artistique ».
Jules Janin se flatte d’avoir obtenu cette faveur de Louis-Philippe. Dans le recueil collectif « Fontainebleau, paysages, légendes, souvenirs, fantaisie » le critique raconte que
Déjà une première fois, dans les embarras d’une royauté naissante, le Bas-Bréau fut menacé ! Le roi venait de monter sur le trône que lui donnait la France, et il n’avait pas le temps de songer à ce bouquet de vieux arbres. Tout à coup il apprend (il l’a appris de la voix qui parle aujourd’hui) que le Bas-Bréau allait être livré aux bûcherons. « Ô sire ! lui disions-nous, nous savons que vos heures sont précieuses, que vos veilles sont sans relâche, et cependant accordez-nous une heure. Ecoutez les plaintes du royal Fontainebleau ! (…) Songez aux artistes que vous aimez et qui vous demandent la vie et la grâce de leurs domaines ! »
Et Louis-Philippe : « Que mes artistes se rassurent. Je veux réparer Fontainebleau comme je veux réparer Versailles. Qu’ils fassent des paysages tout à leur aise (…) »
Il était question d’abattre les chênes séculaires du Bas-Bréau, un des coins de la forêt que les peintres paysagistes préféraient, ce qui a suscité la mobilisation des artistes et des écrivains.
Monet n’a que 12 ans en 1853, il va sans dire qu’il n’est pas de ce combat. Ce n’est que bien plus tard, en 1865, qu’il peindra le chêne du Bas Bréau, avec peut-être en tête les portraits d’arbres exécutés au même endroit par Corot en 1832 et Rousseau en 1864.
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