Claude Monet a habité la ville de Poissy, dans les Yvelines (on disait alors la Seine-et-Oise) de décembre 1881, date où il quitte Vétheuil, à avril 1883, où il emménage à Giverny.
Poissy est situé sur la rive gauche de la Seine à une vingtaine de kilomètres à l’ouest de Paris. La ville est célèbre pour avoir vu en 1214 la naissance et le baptême du roi Louis IX, autrement dit Saint-Louis. Aujourd’hui, le bon roi est toujours omniprésent dans la cité où son nom est utilisé par toutes sortes de commerces.
La maison que Monet loue à Poissy pour y vivre avec ses deux fils, sa compagne Alice Hoschedé et les six enfants de celle-ci s’élève au bord du fleuve, face à une île. Elle s’appelle inévitablement la villa Saint-Louis.
C’est une demeure bourgeoise typique de l’époque, presque aussi large que longue, couverte d’un toit d’ardoises percé de lucarnes.
Elle porte une plaque discrète sur laquelle on peut lire : « Je ne veux que peindre la beauté de l’air. Ici vécut le peintre Claude Monet de décembre 1881 à avril 1883. Hommage de la Ville de Poissy. »
Quand on voit cette belle et vaste bâtisse admirablement située au bord de l’eau, sur une placette à deux pas du centre ville et de la gare, on se dit que Monet a bien choisi sa maison. Lui qui aimait tant l’eau et la nature, il avait tout pour être heureux ici. Les motifs ne devaient pas manquer, la Seine et l’île en face, le pont, la belle église et ses deux clochers romans… On imagine les quatre bateaux de la famille amarrés en bas du talus, prêts à servir pour partir peindre.
Mais en fait, Monet va très peu produire à Poissy. Quand on a des tourments, aucun séjour ne saurait être agréable. Malgré le charme du lieu, Monet passe le moins de temps possible dans la maison, il fuit « cet horrible Poissy » où il se sent de trop.
La situation est devenue très ambiguë depuis qu’Alice et lui ont quitté Vétheuil. Vivre sous le même toit est très compromettant. S’il est maintenant veuf, elle est toujours la femme d’Ernest Hoschedé, et tiraillée entre son devoir d’épouse et ce que lui dicte son coeur. Monet, qui vit dans une douloureuse incertitude, passe donc beaucoup de temps à peindre sur la côte d’Albâtre, à Pourville ou à Etretat.
Et puis, bientôt, il faut quitter Poissy. Fidèle à son habitude, la famille y vit au-dessus de ses moyens. Monet est incapable de payer le loyer de cette maison cossue, et ce sera encore son marchand Paul Durand-Ruel qui devra le secourir pour lui permettre de déménager à Giverny.
La maison de Giverny, moins carrée, plus retirée, avec son clos et le jardin d’eau, correspondait mieux aux aspirations de Monet. Dis-moi où tu vis, je te dirai qui tu es…
La maison présentée s’appelle bien la villa Saint-Louis mais elle fut construite en 1946, suite aux bombardements américains et anglais.
La villa Saint-Louis où vécut Monet a été bombardée à la fin de la guerre de 1945 et reconstruite quasi à l’identique.
Un grand merci pour cette information que j’ignorais. L’aspect actuel de la villa est effectivement bien plus celui d’une maison du XIXe siècle que celui d’une maison de la Reconstruction. Bravo à votre grand-père d’avoir su en préserver le style !