Les moutons sont de retour à Giverny. Ou plutôt les brebis. Depuis les jardins du Musée des Impressionnismes, on entend leurs clochettes tinter, un son pastoral qui replonge dans les siècles passés.
Ces moutons ont l’air bien paisible à première vue, n’est-ce pas ? Ne vous y fiez pas. C’est un commando en mission spéciale, avec la bénédiction de Greenpeace.
Les brebis ne le savent pas, mais elles sont mandatées par les pouvoirs publics, elles ont signé pour le Conservatoire des Sites Naturels de Haute-Normandie. Elles donnent leur assentiment à chaque coup de dents.
Leur tâche dangereuse consiste à repousser un redoutable envahisseur armé de pointes en tous genres, la horde des ronces, des aubépines et des prunelliers.
Cela n’a l’air de rien dit comme ça, mais ce sont des ennemis qu’il vaut mieux prendre au berceau, sinon on s’expose aux pires dangers. Comme les Vikings, ils se plaisent tant en Normandie qu’il n’y a rien à faire pour les déloger. Et une fois qu’ils sont là, tels Attila, rien ne repousse derrière eux.
Il ne faut pas moins que la mâchoire patiente des moutons pour en venir à bout.
On pourrait, bien sûr, laisser la nature reprendre ses droits. En se rapprochant de Vernon, on peut voir ce que cela donne sur la côte Sainte-Catherine, un milieu retourné à l’état de friche et redevenu protecteur pour de nombreuses espèces animales.
Mais les pâturages, qui existent sur ces coteaux depuis le Néolithique, ont du bon aussi. Ils permettent la pousse de toute une flore spécifique des milieux calcicoles, et du même coup l’installation d’une faune d’insectes et de lézards particuliers.
On fauche aussi les prairies, mais les brebis ont de nombreux avantages, c’est plus cool, et en plus on peut les traire, les tondre et les manger pour les remercier des services rendus.
Heureusement, ça non plus, elles ne le savent pas.
Un atout supplémentaire : c’est très photogénique une prairie habitée par les brebis, et bien sympathique.