Les lettres de Claude Monet à sa compagne Alice Hoschedé regorgent de toutes sortes de détails, qui n’ont pas tous retenu l’attention des historiens de l’art. Il en est ainsi de leurs envois mutuels de fleurs sauvages. Le 16 mars 1884, Monet, qui séjourne en Italie à Bordighera, revient d’avoir exploré la côte Ligure jusqu’à Andora, à 45 km de son hôtel. Il écrit à Alice :
Merci de votre violette qui m’a apporté un peu de vous. Voici des fleurs des champs cueillies pour vous à Andore.
Ne sont-ils pas mignons tous les deux ? Ce ne sont plus des ados : Monet a 43 ans, Alice en a 40. Ils ne se croient pas trop vieux pour cela, ils ne pensent pas que ce sont des enfantillages : ils sont amoureux. Depuis toujours, les fleurs servent à conter fleurette, en messagères du coeur.
C’est une habitude qu’ils ont prise chaque fois que Monet s’éloigne un peu longtemps et que la saison s’y prête. L’année précédente, Alice avait déjà fait parvenir des fleurs à son chéri parti peindre à Etretat :
Je vous remercie bien de vos fleurs et de votre bonne pensée.
Lettre de Claude Monet à Alice Hoschedé, 14 février 1883, Etretat.
Message elliptique, et comme on aimerait savoir de quoi il retourne exactement ! S’agit-il cette fois de fleurs de culture, ou toujours de fleurs sauvages ? Je viens de vérifier si la saint Valentin se fêtait au XIXe siècle, il semble que oui. J’ai pourtant des doutes car Monet n’en fait pas mention les autres années.
Quelquefois les fleurs sont glissées dans une lettre déjà terminée, et font l’objet d’un post-scriptum :
Si mes petites fleurs arrivent pas trop fanées, elles sont très jolies, il y en a partout dans les champs.
Lettre de Claude Monet à Alice Hoschedé, 3 février 1884, Bordighera
J’aime les imaginer tous les deux en train de s’écrire, de tremper la plume d’oie dans l’encrier, de tracer les mots sur le papier. Puis, quand il ne leur vient plus rien à ajouter, qu’ils ont raconté tout ce qu’ils avaient à dire pour la journée, finir avec un message tendre, et avant de cacheter la lettre, y glisser une fleurette que l’autre tiendra bientôt dans la main, et qui lui dira Je vous aime.
Oh oui ils sont mignons,échanges touchants!!
Avec ma grand-mère parfois dans nos correspondances nous ajoutions une fleur…autre époque!!!
Tu crois que cela ne se fait plus ?