A la fin de sa vie, Claude Monet se livre à d’étonnantes recherches autour du motif de l’iris. Impossible de savoir exactement quand il commence à s’intéresser à leur forme ondulante, à leur beau contraste de couleur sur un fond bleu. Ils ne sont ni signés ni datés, mais portent simplement le tampon d’atelier apposé bien plus tard par Michel Monet, fils de l’artiste.
Dans son catalogue raisonné de Monet, Daniel Wildenstein avertit que « tout essai de datation, même approximative, demeure hypothétique. » Il place ces études bien avant ou juste après le succès de l’opération de la cataracte. Le trait est sûr, les couleurs vibrantes et, si on peut avoir des doutes sur la réalité de ce bleu, les jaunes et les verts sont bien ceux des iris des marais qui poussent toujours à Giverny dans le jardin de Monet.
Le plus étonnant, c’est l’angle sous lequel Monet peint ses fleurs. On a l’impression qu’elles sont sur un talus, qu’il est couché à leur pied, au fond de sa barque… Tout cela n’est qu’illusion, car Monet, à 84 ans, ne recherche pas un cadrage photographique original, comme nous le ferions peut-être. Il étudie une fois de plus les reflets à la surface de sa pièce d’eau.
Le motif et son traitement son très japonisant, tout en portant la marque de la patte de Monet. A droite, des touches en forme de 8 couché évoquent le balancement de la fleur dans le vent.
Cette disposition me fait penser à Femme à l’ombrelle, le magnifique portrait de Camille debout sur un talus exécuté par Monet en 1875, du temps d’Argenteuil. Là aussi, la silhouette se détache sur le bleu du ciel, parcouru de nuages poussés par le vent. On dirait que ce portrait n’a cessé de le hanter.
Les fleurs, peut-être sur un île et sur la berge à la fois, sont disposées tout en haut des flammes vertes de leur feuillage. Entre les tiges perce le bleu de l’eau.
Claude Monet, Champ d’iris jaunes à Giverny, 1887, musée Marmottan-Monet, Paris w1137
A l’époque de Monet, les iris jaunes poussaient spontanément dans les zones humides de Giverny, par champs entiers. Il est même possible que ce soit la vue de ces merveilleux champs de fleurs qui ait contribué au coup de coeur de Monet pour le village, qu’il découvre au printemps 1883. Mais ce n’est qu’après être allé peindre les champs de tulipes au environs de La Haye en 1886 qu’il songe à installer son chevalet de l’autre côté du chemin du Roy et de la voie ferrée pour représenter par trois fois les iris sauvages pendant leur éclatante floraison, au printemps 1887.
Toujours si agréable à contempler ces différentes toiles!
Celle des iris au Musée de Tokyo me fait penser un peu à Van Gogh….
La même fougue.