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Houx

houx sous la neigeAussi rouges que la capuche du Père Noël, les baies du houx sont des drupes.
La drupe désigne tout simplement un fruit à noyau. Pourquoi m’avait-on caché jusqu’ici ce mot essentiel, et me laissait-on mettre tous les fruits dans le même panier ?
Ce rouge vif des drupes de houx semble destiné aux oiseaux, merles en tête : mangez-moi, mangez-moi ! Mais l’humain n’est pas invité au festin. S’il franchit à ses risques et périls la barrière des piquants et qu’il goûte les fruits du houx, il va le regretter amèrement. Non pas qu’ils soient amers, sans doute que non, mais bien bien toxiques, que ça vous en gâcherait un réveillon.
Le nom latin du houx est assez illisible : Ilex. Dans beaucoup de polices de caractères le I majuscule et le l minuscule se confondent, et le temps de départager les deux cela fait un moment que vous imaginez, contagion de houx aidant, que c’est un H dont on a coupé le pont. Hex. Presque de la sorcellerie. (Hexe, sorcière en allemand).
Il n’y a pourtant pas plus saint que le houx. Parce que les piquants qui paraissent si agressifs se révèlent à l’occasion protecteurs, il suffit de se cacher derrière. C’est ce qu’aurait fait la Sainte Famille lors de la fuite en Egypte, lorsqu’elle avait les soldats d’Hérode aux trousses. Le houx, mine de rien, a étendu ses branches pour cacher Marie, Joseph et l’enfant Jésus. En guise de récompense pour ce haut fait, le houx a obtenu de rester toujours vert, comme Vernon. Et de trôner sur la table de Noël.
En vieillissant le houx devient inoffensif. Il cesse de fabriquer des piquants autour de ses feuilles. Peut-être qu’il a enfin compris la nécessité de la non-violence… Mais un houx sans piquants, est-ce encore du houx ? Est-ce devenu du hou ?
L’absence de piquants n’est pas la seule surprise que peut réserver un Ilex vénérable. Sa taille en est une autre. A force de le voir en arbuste dans les jardins, on en oublierait qu’il peut devenir un arbre imposant. Dans les collines au-dessus de Giverny, on en trouve des spécimens de belle taille, preuve qu’il sait s’accommoder des sols calcaires.

Albizia

albizia
Ce ne sont pas ses pétales, mais ses étamines roses qui font tout le charme de l’albizia et lui valent le nom d’arbre de soie.
Celui du jardin de Monet est en fleurs, une floraison qui va se prolonger pendant plusieurs semaines.
Il est planté entre des rosiers conduits en arbres, et son rose répond au rose des roses.
L’albizia est tellement beau avec ses fleurs soyeuses, son port de pin parasol et son feuillage léger, qu’il peut se permettre quelques défauts.
D’abord, il ne pousse qu’en climat assez doux, ou alors bien protégé. Si l’on déroge à cette règle, le pauvre va stresser et se mettre à se fissurer ou sécréter de la sève ou autre symptôme de mal être.
Ensuite, même s’il ne vous fait pas le coup de la sève collante sous les semelles, il faut s’attendre à ce qu’il perde ses feuilles, ses fleurs, ses tiges, ses fruits et les gousses qui les entourent, puisque c’est une légumineuse. Autant dire qu’il vaut mieux l’admirer de loin, au milieu de la pelouse. Planté près d’une terrasse, il vous imposera un balayage quotidien.

Pommier en cordon

Pommier en cordon dans le jardin de MonetTout en haut du jardin de Monet, un carré de pelouse est entouré de pommiers taillés en cordon. Cela n’a rien d’extraordinaire en Normandie, on en voit dans beaucoup de jardins. Pourtant ces pommiers « en espalier » suscitent une grande curiosité chez les visiteurs du jardin. Ils se demandent ce que c’est, si c’est mangeable, et sont toujours très étonnés d’apprendre qu’il s’agit tout bonnement de pommes.
Les pommiers de Monet produisent de belles pommes à l’automne. Je ne sais pas si quelqu’un les mange, en tout cas j’aimerais bien les goûter.
Ce midi, un de mes clients croquait une pomme quand je l’ai rejoint à l’heure de notre rendez-vous. Je venais de finir la mienne. Amusée par la coïncidence, je lui ai cité le dicton anglais, « Une pomme par jour tient le médecin à distance ». « Moui, a-t-il répondu sans l’ombre d’un sourire, on le dit, mais je n’aime pas beaucoup ce dicton, étant médecin moi-même. » J’ai éclaté de rire de ma gaffe, et la visite a été très sympa.

Erable du Japon

Erable du Japon Bonsaï de MonetJ’en apprends avec les personnes que je conduis à travers les jardins de Monet. Il y a quelques jours, des visiteurs m’ont expliqué que cet arbre à feuillage rouge qui pousse au bord du bassin était un bonsaï d’un âge vénérable. Cela coûterait une petite fortune d’en acheter un de cette taille, ont-ils précisé en connaisseurs. Je n’ai pas retenu le nom qu’ils lui donnaient.
D’autres visiteurs ont ensuite parlé d’érable du Japon, un nom beaucoup plus facile à retenir. Il en existe paraît-il de très nombreuses variétés, près de 400, chez Monet il y en a deux, un vert et un rouge, tous deux au feuillage très découpé et très fin.
Et puis ce matin ma cliente croyait se souvenir que le sien s’appelait un Osaka Zuki. Ce n’est peut-être pas exactement le même, mais cette fois, nous avons trouvé un bout de papier et un stylo pour noter ce nom qui sent bon le Japon.
Au printemps, quand les azalées sont en fleurs, n’a-t-on pas l’Impression d’être au pays du Soleil Levant ?

Cytise et acacia

Cytise dans le jardin de Monet à GivernyOn se croirait chez les champignons : cytise et acacia se ressemblent comme deux gouttes d’eau, à la couleur près. Mais l’une est terriblement toxique, et l’autre délicieusement comestible.
C’est celui-ci, la jaune, la cytise, qui n’est que poison dans toutes les parties de la plante. Et pourtant quelle allure, cette floraison d’un jaune acide !
Son cousin de couleur blanche a les mêmes feuilles et les mêmes inflorescences en grappes. Mais lui, on peut manger ses fleurs parfumées, en tirer du miel, ou donner les feuilles en fourrage au bétail.
En France, on l’appelle acacia, mais c’est un robinier. L’arbre est une légumineuse, ce qui lui vaut de porter en guise de fruits des gousses qui rappellent les haricots, et la capacité de fixer l’azote de l’air.
C’est vraiment une histoire incroyable que celle du robinier – ou de l’acacia, comme vous voulez. On en voit partout, n’est-ce-pas ? Il aime s’installer le premier sur des terrains vierges qu’il colonise. Ce trait de caractère, il le tient de ses origines nord américaines. Le robinier est arrivé en Europe il y a quatre siècles seulement. On peut dire que depuis, il a fait des petits.
A Paris, le plus vieil arbre de la ville est un robinier planté en 1604 à Saint-Julien-Le-Pauvre, qui résiste vaillamment à la pollution. Parmi les doyens, le plus visité est sans doute celui du square Viviani, en face de Notre-Dame de l’autre côté de la Seine. Il est le fils du premier robinier introduit en France. Date de naissance : 1620.
Si on voit des acacias partout, c’est que l’arbre a été beaucoup planté. Il possède de nombreuses qualités, dont celle de donner un bois qui ne pourrit pas sans le moindre traitement, et qui s’utilise pour fabriquer des clôtures.
En Alsace, on s’en servait pour en faire des piquets de vigne. On en trouve encore des bois entiers, et les beignets d’acacia font partie des gourmandises printanières traditionnelles de la cuisine régionale.

Aulne

aulne glutineux ou verneComme un feu d’artifices silencieux, la floraison des arbres a commencé. Le spectacle va durer deux mois.
Pendant que les arbres à fruits se transforment en gros bouquets blancs ou roses, d’autres ont des mises en beauté plus discrètes. C’est le cas de l’aulne.
L’aulne est affublé d’un surnom grotesque, glutineux. Tout ça parce que ses jeunes feuilles sont poisseuses, gluantes, bref glutineuses (de la nature du gluten). Il n’y a pas de quoi en faire un plat, alors que tout est élégance dans cet arbre.
Regardez-le fleurir en ce moment. Les chatons mâles retombent délicatement au bout des rameaux, on dirait des pendants d’oreilles. A côté, grosses comme des grains de riz, les fleurs femelles attendent un souffle de vent pollinisateur. En fin de saison, elles se transformeront en petits cônes ligneux semblables à de minuscules pommes de pin. Les fruits de l’an dernier sont encore sur l’arbre, en colliers de perles le long des branches, ils complètent la parure.
Et les feuilles ? Pas de bourgeons en vue ? Rien n’est plus urgent que de s’occuper des fleurs et des fruits, foi d’arbre, les feuilles viendront plus tard.

L’autre nom de l’aulne, c’est la verne. Vernon en dériverait, une toponymie logique pour une ville située le long d’un cours d’eau comme la Seine. L’aulne aime en effet les bords de rivière où il trouve l’eau et le soleil dont il a besoin.
J’ai photographié celui-ci au bout du pont Clemenceau, côté Vieux Moulin. Le houppier de l’arbre frôle le parapet du pont, si bien que pour une fois, on peut voir l’arbre non pas d’en bas, mais comme un oiseau posé sur une branche.

If

If dans le jardin de Monet à GivernyDeux ifs montent la garde tout en haut de la grande allée, devant la maison de Monet à Giverny. Quand il a remanié le jardin, le peintre a supprimé les épicéas et les pommiers, il a conservé les ifs. Qui irait porter la hache sur un tel arbre ?

La journaliste botaniste Patricia Beucher parle de sa « noblesse » et de sa « présence indéniable ». L’if remplace le cyprès dans les cimetières du nord de la Loire. Symbolique, cet arbre de vie toujours vert avait pour fonction de repousser les bêtes sauvages et domestiques, les empêchant de profaner les lieux.

Tout comme l’olivier, l’if est capable d’une longévité hallucinante. On en connaît qui seraient âgés de 1400 ans.
Plus vieux que les cathédrales gothiques, plus vieux que les plus anciennes églises romanes, ils datent d’avant les invasions vikings. Dans l’Eure, le plus célèbre est celui de la Haye de Routot. Une chapelle a été aménagée dans son tronc creux.
Contempler ces arbres qui traversent les millénaires nous remet à notre place, nous les humains si imbus de nous-mêmes, capables que nous sommes d’inventer des armes de destruction massive, de modifier génétiquement les organismes, d’aller regarder les Martiens sous le nez, de bouleverser les paysages et de modifier le climat. Toute cette agitation devient dérisoire face à un if.
Mille ans de silence, à veiller sur les morts et accueillir les vivants, les racines enfoncées dans le sol, les branches dans le vent, la tête dans les nuages…

La pomme Ariane

La pomme ArianeJe porte un nom de pomme. La nouvelle m’a cueillie à froid.
L’Institut National de Recherche Agronomique, l’INRA, vient de lancer sur le marché la pomme Ariane – le presque anagramme ne vous aura pas échappé.
On nous le jure, cette pomme veut notre bien. Elle est issue de patients croisements qui lui confèrent les qualités les plus intéressantes de ses parents, celle de résister à la tavelure du pommier n’étant pas la moindre. Grâce à cette santé de fer, les arboriculteurs vont pouvoir économiser la moitié des traitements habituellement administrés aux pommes, ce qui sera tout bénéfice pour tout le monde, sauf les producteurs de produits phytosanitaires. Bon, rien à voir avec une pomme bio tout de même…
Pour son lancement, Ariane a droit à toute une campagne de promo. Sur internet, le descriptif est savoureux :

La pomme Ariane est à la fois sucrée et acidulée, ferme et croquante, juteuse et pétillante en bouche pour une saveur authentique. Bicolore, d’un rouge profond et brillant pailleté de lenticelles or, Ariane marie élégance et rusticité. De plus cette pomme se conserve très bien. En fait, Ariane veut ressembler à ses consommateurs : naturelle, spontanée, bien dans sa peau.

Un rouge profond et brillant pailleté de lenticelles or, ça ferait joli comme robe à Noël…

Tilleul

allée de tilleulParce qu’il est accommodant, on fait subir toutes sortes de misères au tilleul.
Dans les jardins de Monet, une petite allée ombragée passe presque inaperçue, sur la gauche de la maison. Elle fait pourtant ce qu’elle peut pour se faire remarquer, avec son « couvert de tilleuls carrément taillés » comme dit Balzac.
Alors que le reste du jardin est tout en souplesse, ces quelques tilleuls réduits à des troncs surmontés de cubes paraissent curieusement raides. Cela vous a un petit côté prouesse jardinière qui ne devait pas déplaire au maître des lieux.
C’est là que la famille de Claude Monet et d’Alice Hoschedé aimait s’installer en plein air. L’ombre du tilleul est réputée une des plus agréables qui soit.
A la floraison, le tilleul répand une odeur délicate, beaucoup plus discrète que le chèvrefeuille et la rose ancienne qui fleurissent en même temps.
Aux alentours de la fête de la musique, tous les tilleuls de Vernon sont en fleur. Il y en a plus de mille, dont 560 pour la seule avenue des Capucins, majestueuse voie qui relie le château de Bizy à la Seine. Elle est bordée de quatre rangées de tilleuls séculaires.
Vernon doit ses tilleuls au châtelain de Bizy, qui consentit à voir ses avenues passer dans le domaine public, à condition que la ville en entretienne les arbres.
Les tilleuls, voilà le luxe de la ville de Vernon. Car eux aussi sont taillés, deux fois par an, selon une forme qui rappelle le F et que l’on nomme paraît-il en berceau. Quand les feuilles poussent, les frondaisons se transforment en un véritable toit de verdure que les rayons du soleil ne traversent pas.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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