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Au Mémorial de Caen

Mémorial pour la paix de CaenA la cafétéria du Mémorial de Caen, la jeune femme qui vous sert un café aussi noir que sa peau s’appelle Pacifique. Un prénom prédestiné pour travailler dans ce musée « Cité de la Paix ». Quand on le lui dit, son rire éclate, éclaboussant de gaieté les idées sombres.
Ce n’est pas gai de visiter le Mémorial de Caen, « le » musée français de la Seconde Guerre mondiale. Oppressant même de parcourir ce grand livre d’histoire où l’architecture est au service du propos pour faire comprendre et ressentir les évènements, les causes du conflit, son évolution, ses suites.
Mais le Mémorial se veut aussi un espace où plaider pour les droits de chaque être humain. C’est dans cet esprit que chaque année depuis quinze ans, a lieu le concours de plaidoiries pour les Droits de l’Homme.
Ce concours s’adresse en priorité aux lycéens, mais aussi aux élèves avocats et aux avocats. Jeunes ou ténors du barreau choisissent eux-mêmes une cause qu’ils souhaitent défendre.
Plus de 800 lycéens y ont participé cette année. Après avoir franchi la sélection régionale, les meilleurs se départageaient ce week-end au Mémorial de Caen.
C’est réconfortant de voir tous ces jeunes s’indigner. Prendre fait et cause pour la corne de l’Afrique, contre la répression en Syrie, pour la liberté d’expression en Russie, ou plus près de nous pour le droit à une fin de vie digne et heureuse.
Je suis repartie du Mémorial avec dans le coeur l’espoir offert par leurs messages de refus de l’inacceptable, leur jeune éloquence contre l’indifférence.
Et le rire de Pacifique.

Eglise de la Reconstruction

Eglise Saint-Julien, Caen

Eglise Saint-Julien, CaenJe dois l’avouer, j’étais comme tout le monde, a priori je n’aimais pas le béton. Je trouvais cela raide, gris et froid. Mais si je parle de cette aversion au passé, c’est que depuis, pas à pas, j’ai découvert le patrimoine normand de la Reconstruction. Et je me prends à aimer le béton, à y voir de la rigueur plutôt que de la raideur. C’est un matériau d’une grande variété.
La Reconstruction, quelle période fascinante sur le plan architectural ! Elle dure une vingtaine d’années à partir de 1947 environ, vingt ans d’activité intense pour rebâtir tout ce qui a été bombardé ou dynamité, grâce au plan Marshall.
Quand les dommages ne sont pas trop importants, on restaure à l’identique, sinon on reconstruit. Et pas question alors de faire des bâtiments à l’ancienne.
Les idées les plus variées, les plus créatives, les plus innovantes jaillissent des planches à dessin. Les architectes se surmènent et se surpassent. Les destructions leur offrent l’occasion de plancher sur des projets d’envergure, comme la construction de nouvelles églises.
Le recensement des églises de la Reconstruction est en cours, il y en aurait environ 500 en Normandie. Et autant de partis différents, de recherches sur ce que peut être une église.
Eglise Saint-Julien, Caen Certaines donnent dans le régionalisme, au moins à l’extérieur, avec des formes traditionnelles et des toits d’ardoise. Les paroissiens n’y perdent pas leur latin. D’autres se veulent résolument modernes.
C’est le cas de la merveilleuse église Saint-Julien de Caen.
L’architecte qui en est chargé n’est pas n’importe qui. Henry Bernard, premier Grand Prix de Rome, a signé par la suite des réalisations aussi prestigieuses que la maison de la Radio à Paris ou le Palais de l’Europe à Strasbourg. A Caen, il a pour mission après-guerre de faire les plans de l’Université et du quartier qui l’entoure. L’église Saint-Julien y figure. Elle sera moderne, à l’image de cette population jeune qui va la fréquenter.
Henry Bernard invente un édifice religieux inédit, en forme de mandorle ! Un symbole fort : l’église elle-même est désignée comme le moyen de passer du monde terrestre au monde spirituel. Sa seconde idée de génie, c’est d’insérer dans les parois des milliers de pavés de verre coloré, qui font de l’espace intérieur un lieu saisissant de beauté.

La maison des Quatrans de Caen

La maison des Quatrans de Caen Au pied du château de Caen, la maison des Quatrans tourne le dos au quartier auquel elle a donné son nom. Elle boude, et il y a de quoi, quand on est un bel hôtel particulier du 14ème siècle, être un peu vexé qu’on puisse vous confondre avec un ensemble de barres d’immeubles construites dans les années 1950, le quartier des Quatrans.
Dans le temps la maison des Quatrans avaient plein de copines dans sa rue, la rue de Geôle (brr !). Les hôtels particuliers tous plus beaux les uns que les autres s’alignaient au coude à coude. Et puis il y eut les bombardements de la deuxième guerre mondiale. La maison des Quatrans a vu un grand nombre de ses soeurs tomber au champ d’honneur. Elle, elle a tremblé, elle a été blessée, mais elle s’en est sortie.
Aussitôt, ni une ni deux, on l’a décorée non pas de la croix de guerre mais d’un joli classement Monument Historique. Cela protège d’un certain nombre d’avatars mais pas de toutes les misères. Après la chance d’en réchapper, la maison des Quatrans a eu la malchance de tomber sur une entreprise désastreuse qui au lieu de lui réparer son escalier l’a définitivement détruit. C’est ballot.
Cahin caha elle s’est pourtant remise, ses dizaines de fenêtres on retrouvé leurs dimensions d’origine dans le colombage repeint de frais, et elle a fière allure, n’est-ce pas ?
Sa façade est en bois parce que c’est plus joli que la pierre. C’est du moins ce que pensait son premier propriétaire, Thomas Quatrans. A Caen on a tellement de pierre (de Caen) qu’on n’a pas besoin de construire en bois, sauf dans un but décoratif. D’ailleurs les côtés et l’arrière de la maison sont en pierre. Mais côté rue, le tabellion du roi trouvait le bois plus sympa. A voir sa maison, on ne peut qu’être d’accord avec lui, non ?

Rosace

RosaceQuand on sort du château de Caen on se trouve face à la rose de l’église Saint Pierre située en contre-bas. La rosace apparaît au ras du mur d’enceinte, et sa rondeur et sa légèreté qui contrastent avec l’aspect massif du mur donnent un peu l’impression du soleil qui se lève.
Le cercle est roi sur cette rose, encore davantage qu’à la collégiale de Vernon. Sous un arc en plein cintre un grand cercle en contient sept qui eux-mêmes en renferment chacun trois. Enfin les angles de la base carrée sont occupés par deux cercles plus petits.
Dans chacun des petits cercles on trouve un quatre-feuilles, un motif typique du quatorzième siècle. Associée à des trilobes, cette profusion de quadrilobes compose comme un tapis de fleurettes qui donne à cette rose un aspect très printanier.
De l’intérieur l’effet est purement magnifique.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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