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Sainte Radegonde
L’église de Giverny est placée sous le vocable de Sainte-Radegonde, une dédicace peu fréquente. Le culte de la sainte qui vécut au VIe siècle a été remis à l’honneur au XVe par Charles VII, qui a même baptisé sa fille aînée Radegonde.
Le choix de ce prénom était politique : la princesse de France était née un an avant la rencontre du dauphin avec Jeanne d’Arc et la reconquête de son royaume.
Charles VII voulait honorer la sainte vénérée à Poitiers. Cette ville était le siège du second Parlement, alors que Paris était aux mains des Bourguignons. C’était aussi une façon de souligner la légitimité de Charles VII au trône, puisque Radegonde était reine de France, épouse de Clotaire, fils de Clovis, premier roi des Francs.
La vie de sainte Radegonde est bien documentée grâce à trois sources contemporaines, fait exceptionnel pour le haut Moyen Âge. Ces textes sont de son ami le poète italien Venance Fortunat, d’une de ses moniales Baudonivie, et de Grégoire de Tours, qui procède à ses funérailles.
Radegonde est née princesse de Thuringe, à Erfurt, au centre de l’Allemagne vers 518. Emportée captive comme butin de guerre par Clotaire, fils de Clovis, alors qu’elle a une dizaine d’années, elle grandit à la cour de ce dernier et reçoit une éducation digne de son rang. Saint Médard, évêque de Noyon, la baptise et l’instruit dans la foi chrétienne adoptée par les Francs depuis Clovis. Devenue nubile, Radegonde est contrainte d’épouser Clotaire. Reine, elle se consacre aux pauvres et à la piété. Quand Clotaire assassine le frère de Radegonde, c’en est trop pour elle. Elle s’enfuit vers Poitiers pour s’y consacrer à Dieu.
Radegonde recherche la sainteté, instruite dans la foi chrétienne par Saint Médard, évêque de Noyon. Puisque la religion chrétienne est maintenant établie et que le martyre n’est plus possible, il faut s’infliger le martyre à soi-même, d’où des violences appliquées à elle-même peut-être même excessives.
Sainte Radegonde est connue pour le miracle des avoines : alors que le roi la fait poursuivre pour la reprendre comme épouse, Radegonde croise un paysan en train de semer de l’avoine dans un champ. Les céréales se mettent à pousser à vue d’oeil, dissimulent la reine et lui permettent d’échapper à ses poursuivants.
Il est intéressant de rapprocher l’usage de l’avoine bien connue comme adoucissant dermatologique et la réputation de la pierre de Sainte-Radegonde de Giverny, ancien dolmen christianisé dont le contact devait guérir des maladies de peau.
La tombe de Claude Monet
La tombe de Claude Monet est une grande concession familiale, dans laquelle quatre personnes avaient déjà pris place avant lui. Elle en accueille huit au total.
Avec qui avez-vous envie de passer l’éternité ? C’est une question qui mérite qu’on se la pose. De façon assez surprenante, Monet partage son caveau de Giverny non seulement avec son épouse Alice, mais aussi avec Ernest Hoschedé, le premier mari de celle-ci. Le mécène et ami de Monet, puis son rival. À se demander si Claude avait vraiment réfléchi à la question.
La situation a pris cette tournure une décision après l’autre, presque par mégarde. Le premier à mourir est Ernest. Il décède en 1891 à Paris, mais les six enfants du couple Ernest-Alice, qui habitent maintenant avec Monet à Giverny, demandent à ce que leur père soit enterré dans le village pour pouvoir aller se recueillir sur sa tombe. Monet y consent. Il achète une concession au chevet de l’église de Giverny. Curieusement, Monet investit dans un grand caveau. Est-ce également une demande des enfants ? À partir de ce choix, il peut se douter qu’il finira aux côtés d’Ernest. Il faut croire que cela ne le dérangeait pas.
La deuxième à disparaître est Suzanne, l’une des filles d’Ernest et Alice. En 1899, elle rejoint son père dans la tombe. Normal.
Ou non. Là encore, un autre choix aurait pu être fait. Car Suzanne est mariée et mère de deux enfants. Le cimetière de Giverny vient d’être agrandi en 1891, la place ne manque pas, la famille aurait pu décider de réserver un autre emplacement pour Suzanne et son époux.
Sa mère, Alice, est inconsolable. Elle ne se remettra jamais de la mort de son enfant. Elle est la troisième à s’éteindre, en 1911.
Et à nouveau, on décide que sa place est auprès de son premier mari et de sa fille chérie, et non pas dans une autre tombe, où elle aurait attendu Monet.
En 1914, Jean Monet, le fils aîné de Claude et Camille, succombe à une grave maladie. Il est le premier Monet à être enterré dans ce caveau jusque-là occupé uniquement par des Hoschedé. Pourquoi là ? On a un peu l’impression qu’il n’a rien à y faire, à cela près qu’il est l’époux de Blanche Hoschedé qui y a toute sa place, en tant que fille d’Ernest et Alice et soeur de Suzanne. Peut-être est-ce elle qui a fait ce choix.
Puis, en décembre 1926, c’est au tour de Monet d’être inhumé.
Claude a-t-il exprimé une intention, un souhait, des dernières volontés ? Selon Jean-Pierre Hoschedé, son beau-fils, il a demandé à être enterré simplement, comme un enfant du pays. Mais il ne semble pas avoir dit quelque chose à propos du caveau. Cela devait aller de soi sans doute. Sans que quiconque y trouve à redire, il rejoint son fils, sa chère Alice, Suzanne, et du même coup Ernest. À l’époque, personne ne relève.
Blanche, qui adorait son beau-père, se devait de reposer auprès de Claude Monet et de son époux Jean Monet. C’est ce qui arrive en 1947.
Il reste deux places, dont Michel Monet, le plus jeune fils de Claude, décide de faire ce qu’il veut. Quand son épouse Gabrielle rend son dernier souffle en 1964, Michel, qui habite pourtant à Sorel-Moussel, à une heure de route, la fait enterrer à Giverny.
Michel avait attendu le décès de son père pour épouser Gabrielle Bonaventure, peut-être parce que Monet désapprouvait cette liaison avec une mannequin. On espère qu’ils ont fini par s’apprécier dans l’au-delà. Michel est maintenant là pour jouer les intermédiaires. Il est le dernier à avoir été enterré dans la tombe familiale, en 1966.
Les autres enfants Hoschedé, Marthe, Germaine et Jean-Pierre, ont été enterrés dans des tombes voisines. Seul l’un d’eux manque à l’appel. C’est Jacques, qui avait fini par excéder Monet par ses demandes continuelles de subsides.
Quant à la grande croix qui surplombe le caveau, on peut raisonnablement penser qu’elle a été édifiée après la mort de Suzanne, tant pleurée par sa mère. C’est ce que laisse deviner l’emplacement du nom de Suzanne au centre le la croix. Le nom d’Ernest, seul autre habitant de la tombe à ce moment-là, est relégué en bas, sur le socle.
Une pluie de roses pour Monet
Un immense rosier pleureur dégringole en cascade au-dessus de la tombe de Claude Monet et sa famille. Il y a quelques années, le pignon était encore dénudé et minéral. Depuis que le jardinier qui se charge de l’entretien de la tombe a eu l’idée de planter ce rosier, il a bien grandi, pour atteindre cette taille très spectaculaire. C’est joli pour les visiteurs qui viennent se recueillir, et surtout, c’est tellement Monet. A croire que c’est lui qui a soufflé l’idée.
Angelot
C’est dans l’église de Giverny que l’on peut admirer cet adorable angelot accroché dans les airs au-dessus des fidèles. Le visage grave, il semble avoir tenu quelque chose dans ses mains, peut-être le manteau de la Vierge dans une Assomption ?
La Renaissance et la période baroque ont raffolé de ces petits anges potelés tous plus craquants les uns que les autres.
Leur mode, arrivée d’Italie, puise dans la mythologie grecque et romaine. Ce sont d’abord des Cupidon, avec flèches et carquois pour viser les mortels et les rendre follement amoureux.
Quand on redécouvre ces angelots malicieux au 15e siècle, ils plaisent tant qu’on en met partout. Ils quittent les scènes mythologiques pour s’inviter dans l’art profane mais aussi sacré. Figurés sous forme de bébés joufflus de sexe masculin, les bambins ailés ou non prennent le nom de putti et dansent, jouent de la musique, ou se livrent sous le pinceau de Nicolas Poussin à d’étranges bacchanales.
Les petits putti sont si mignons qu’ils ne tardent pas à entrer en religion. Cette fois, ce sont bel et bien des anges, parfois nommés à tort des chérubins (aux dires des personnes averties, les chérubins sont plus grands et ressemblent à des hommes éternellement jeunes).
On apprend tout sur les anges dans le Traité d’Iconographie Chrétienne de Mgr Xavier Barbier de Montault. Le paragraphe consacré à la représentation angélique dans l’art est très éclairant.
L’ange est soit figuré en entier, mais souvent sans pieds, ou les pieds cachés, ce qui le « dégage de la terre ». Soit il est peint ou sculpté en partie seulement, sans jambes et même sans buste.
De la sorte il est de moins en moins matériel et réduit à l’élément indispensable pour représenter une créature vivante et intelligente.
L’église de Giverny présente de telles têtes d’anges dans la voûte de son choeur en cul de four. Aux dires des artisans qui ont procédé à leur restauration l’année dernière, ces « anges chauves-souris » ne sont pas des merveilles, mais auraient pu être peints par le bedeau au 19e siècle… Peut-être un effet de la fièvre picturale qui régnait alors à Giverny ? L’église étant classée, les angelots ont tout de même été ressortis de l’oubli où les avait plongés une couche de badigeon. Même si ce ne sont pas des oeuvres d’art, ils émeuvent par leur naïveté et la foi de la personne inconnue qui les a peints.
Réouverture de l’église de Giverny
L’église de Giverny rouvre demain. Voilà trois ans qu’elle était fermée pour travaux.
Dès demain, les paroissiens auront la joie de se réunir à nouveau dans leur sanctuaire, plus beau que jamais. On se sent bien entre ces murs nets, sous ces voûtes saines. Il a été remédié à tous les désordres de l’édifice. C’est reparti pour un siècle !
Même si j’aimais bien l’église de Giverny telle qu’elle était avant, avec sa patine du temps, j’admire le travail accompli. Coup de chapeau à la municipalité qui a conduit ce projet préparé dès le mandat précédent, qui a su trouver les financements adéquats, monter les dossiers, se montrer convaincante. L’église Sainte-Radegonde est sauvée.
C’est merveilleux pour Giverny. Hélas, beaucoup d’autres édifices religieux n’ont pas cette chance, et parmi eux, de pures merveilles architecturales qui se dégradent inexorablement. La dernière fois que je suis allée à Louviers revoir l’église, ce joyau de l’art flamboyant, il pleuvait toujours dans la nef, une vision qui serre le coeur.
Ce mois-ci, à la cathédrale de Lisieux, notre guide nous a montré le filet tendu depuis des années à la croisée du transept, sous la tour-lanterne. Réparer cette tour pour éviter les chutes de pierres coûterait moins d’un million d’euros. J’ai été frappée de la similitude avec le budget alloué à l’église de Giverny.
La question m’interpelle. On peut trouver les sommes nécessaires à la restauration de Giverny, mais pas à celle de la cathédrale de Lisieux ? Lisieux, la ville de sainte Thérèse, qui accueille des centaines de milliers de pèlerins par an ! Lisieux, dont la magnifique cathédrale Saint-Pierre est contemporaine de Notre-Dame de Paris ? Est-ce juste une question de volonté politique ? C’est incompréhensible.
Quoi qu’il en soit, on sait bien que tous les travaux à entreprendre pour tous les clochers de France ne pourront pas être engagés. C’est une question d’époque.
La nôtre bâtit des autoroutes, des aéroports, des stades, des bibliothèques, des centres culturels, des hôpitaux, des lignes de TGV, des piscines, des musées, des ponts, des écoles, des universités, des centres commerciaux. Elle construit des satellites et les envoie dans l’espace.
Le 21e siècle est beaucoup plus riche que le Moyen Âge où l’on n’avait rien de superflu et où l’on manquait souvent du nécessaire. Mais l’homme médiéval était tourné vers l’au-delà. Tous ses efforts tendaient à préparer sa vie éternelle. Pauvre, il a pourtant été capable de financer la construction d’édifices dont nous renâclons à assurer le simple entretien.
Chaque époque vit dans son temps présent, et se soucie peu de celles qui l’ont précédée. L’intérêt et le respect pour le patrimoine sont des préoccupations modernes, ils n’ont sans doute jamais été aussi forts qu’aujourd’hui. Pourtant les sommes engagées restent modestes. L’entretien des monuments du passé intervient à la marge.
Et l’eau, partout, continue de s’infiltrer dans les chapelles et les abbayes, et de faire goutte à goutte ses ravages.
Eglise de Giverny
La restauration de l’église de Giverny se termine. Depuis un mois, il est à nouveau possible de visiter l’intérieur de l’édifice, où les derniers travaux portent sur des fresques mises à jour à l’occasion de cette campagne de restauration complète. Des angelots peints sur la voûte de l’autel de la Vierge sont en train de retrouver leur fraîcheur du 17e siècle.
C’est la dernière tranche d’une remise en beauté de la petite église entreprise il y a trois ans. On a vu successivement le clocher, la toiture, les murs extérieurs se métamorphoser. Les entreprises hautement qualifiées ont remplacé, nettoyé, rejointoyé… Puis est venu le tour de l’intérieur, avec notamment une belle voûte en bois toute neuve au-dessus de la nef.
Le coût total avoisine le million d’euros. C’est une lourde charge pour la collectivité, mais l’ancienneté de l’édifice, son intérêt touristique aussi le justifient. L’église sainte Radegonde n’est pas un pur joyau de l’art roman ou gothique, mais elle offre le charme des églises de village, un mélange de traits architecturaux intéressants, d’histoire et d’intimité. Pour beaucoup de visiteurs, c’est l’occasion d’entrer dans une église villageoise, alors que la plupart sont fermées. C’est la déclinaison à petite échelle de la foi qui animait les bâtisseurs de cathédrales, à l’usage d’une communauté de paysans.
D’ici la prochaine saison, les échafaudages auront sans doute disparu. Les admirateurs de Claude Monet qui viennent se recueillir sur sa tombe dans le petit cimetière pourront à nouveau pousser la porte du sanctuaire pour découvrir ce lieu où, un beau jour de juillet, Monet avait conduit sa belle-fille Suzanne à l’autel.
Restauration de l’église de Giverny
C’est un géant de la peinture : un immense portrait en pied de Claude Monet orne la façade de l’église de Giverny.
Il a pour but de cacher les échafaudages qui vont rester en place un certain temps. Une restauration importante de l’édifice est en cours.
La première étape concerne la charpente et la couverture du clocher, qui subissait des infiltrations. Parti du sommet, le chantier va se poursuivre graduellement vers le bas avec la restauration des murs, et s’achèvera par l’intérieur d’ici deux ans.
Il s’agit d’effacer les outrages du temps, selon l’expression consacrée – la partie la plus ancienne approche des mille ans d’âge – on espère aussi mettre à jour des fresques révélées par sondages. Suspense !
Les travaux vont redonner tout son éclat à la petite église de campagne chère à Monet.
Le peintre entretenait de bonnes relations avec l’abbé Toussaint, ferré en botanique.
Toutes les cérémonies familiales ont eu lieu ici.
C’est là que Claude Monet est enterré, dans le grand caveau familial qui se trouve côté chevet, en compagnie des autres membres de la famille.
Sainte Radegonde
C’est la Sainte-Radegonde d’hiver aujourd’hui. Oui, je sais, merci de l’info, vous ne connaissez aucune Radegonde. Ou peut-être que si ? Peut-être que ce prénom qui figure ici au Top 50 des oubliés du calendrier est super tendance ailleurs sur la planète ? Dans ce cas, que les Radegonde se manifestent, je leur enverrai un bouquet virtuel de roses de Giverny.
Radegonde était mariée à Clotaire. Bien disparu aussi comme prénom. Je crois qu’il y a un Clotaire dans le Petit Nicolas de Goscinny, mais c’est parce que l’auteur s’est amusé à collectionner des prénoms improbables.
Clotaire et Radegonde… Ce n’était pas le couple de l’année, ces deux-là. Ils ont vécu au 6e siècle. Radegonde était une princesse germanique, et par malheur, quand elle était petite, son père et Clotaire se sont fait la guerre. C’est Clotaire qui a gagné. Le fils de Clovis a massacré la famille de Radegonde et a emmené l’enfant en captivité.
On l’imagine noble, douce et belle, Radegonde. Sinon, pourquoi Clotaire aurait-il eu l’idée de l’épouser quelques années plus tard ?
Malheur aux vaincus ! Radegonde, la mort dans l’âme, doit se soumettre à l’assassin de ses parents. La pieuse jeune femme devient reine, et voit dans cette situation le moyen de faire encore plus de bien autour d’elle. Radegonde se consacre aux pauvres et aux malades. Elle s’approche sans crainte des lépreux et n’est pas dégoûtée par les dermatoses les plus aiguës.
Clotaire devrait se réjouir d’avoir une épouse aussi vertueuse. Mais il ne trouve rien de mieux à faire que d’exécuter son frère, soi-disant pour trahison. C’en est trop pour Radegonde, toute sainte qu’elle soit. Elle veut prendre le voile, mais son royal époux ne l’entend pas de cette oreille et la fait poursuivre. Radegonde parvient à s’échapper grâce au miracle des avoines : elle fait instantanément pousser un champ pour s’y cacher. Elle fondera une abbaye à Poitiers, où on conserve toujours ses reliques.
L’église de Giverny est consacrée à Sainte-Radegonde. Une statue de pierre du 17e siècle, située à gauche de l’autel, la représente en mère-abbesse.
Le culte de la sainte est encore très vivant en Normandie. On recense neuf sanctuaires où elle est vénérée. Sa fête principale est le 13 août.
C’est le roi de France Charles VII qui, en 1450, en lance le culte. On sort de la Guerre de Cent Ans et le protégé de Jeanne d’Arc veut s’affirmer comme l’héritier légitime du trône de France, en soulignant ses neuf siècles de lignage royal. Pour enfoncer le clou, il prénomme d’ailleurs sa première fille Radegonde.
La foi populaire prête des vertus curatives à Sainte-Radegonde, qui fait partie des saints guérisseurs. A Giverny, on peut voir à l’entrée de l’église la « pierre de Sainte-Radegonde », sans doute un ancien menhir ou dolmen christianisé ultérieurement, qui a la réputation de soigner les maladies de peau. Ce n’est pas impossible, après tout. Au vu de ce que l’on sait aujourd’hui sur les dermatoses atopiques, il se peut que certaines d’entre elles cèdent au tellurisme du lieu, renforcé d’une prière fervente. L’avoine, pour sa part, possède des principes actifs utilisés en pharmacie pour adoucir les peaux irritées.
L’église de Giverny
J’ai fait visiter la petite église de Giverny à deux Japonaises, ce matin. C’est tout ce qu’on peut visiter à Giverny en ce moment, les musées sont fermés.
Mes Japonaises étaient absolument charmantes. Elles parlaient très peu l’anglais et pas du tout le français, j’ai donc dû improviser une visite où les gestes avaient une large part. Elles ont fait d’énormes efforts pour essayer de deviner ce que j’essayais de leur expliquer, et je crois même que nous sommes parvenues à nous comprendre plusieurs fois.
En arrivant devant le porche, je voulais leur faire ressentir l’importance que l’édifice a eu dans la vie des Monet. C’est là que la famille assistait à la messe, c’et là qu’ont eu lieu les mariages. « Monet and Alice got married here ! » dis-je, en détachant chaque mot et en montrant mon alliance puis l’intérieur de l’église. « Aaaah ! » s’exclament les dames avec intérêt. Est-ce que c’était clair ? Est-ce que les Japonais portent des alliances ?
L’église Sainte-Radegonde de Giverny est une modeste église de village, mais les visiteuses ont été impressionnées par son caractère ancien. « Old ? » me demandent-elles. Comment leur expliquer que l’abside, romane, date du 11e siècle, tandis que la nef et le transept sont nettement plus récents, du 15e-16e siècle ? Je renonce à ces subtilités, je secoue vivement la tête, « yes ! 1000 years ! » et j’écris le nombre du doigt dans les airs, tout en l’épelant. « Ooooh !!! » disent-elles.
C’est un peu frustrant de ne pas pouvoir donner plus de détails. Nous sortons, et rendons visite à la tombe des Monet-Hoschedé à l’arrière de l’église. Le temps que j’explique qu’il est enterré là avec toute sa famille, elles sont déjà reparties. Zappons la complexité des liens familiaux… Je reviendrai me recueillir tranquillement une autre fois. Les Japonaises sont-elles toujours aussi pressées ? Ont-elles peur de me retenir trop longtemps ? Ou n’est-ce pas dans leur culture de vénérer les ancêtres devant leur tombe, mais plutôt devant un autel ?
L’instant d’après, je ne pense plus à la légendaire politesse des Japonais, si difficile à comprendre des Occidentaux. Mes visiteuses rient, ravies de voir les premiers arbres en fleurs et les bambous dans les jardins givernois. Et nous repartons dans ma voiture, et nous rions encore, parce qu’elle est de marque japonaise. Il n’y a pas besoin de beaucoup de mots pour bien s’entendre, en fait.
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