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Les petits secrets du Mont Saint-Michel
J’en ai appris de belles sur le Mont Saint-Michel aujourd’hui.
Figurez-vous qu’il y a toute une polémique autour du crâne de Saint Aubert. Qu’est-ce que c’est que cette histoire ? Pour la comprendre, il faut revenir à l’origine légendaire du Mont.
Selon la tradition, l’archange Michel (appelé abusivement Saint Michel, mais il semble qu’il ne se vexe pas) s’est dérangé personnellement pour réclamer son monastère.
Il est apparu en songe à l’évêque d’Avranches, Aubert. Avranches, vous savez, c’est la petite ville merveilleusement située sur un promontoire au-dessus de la baie du Mont Saint-Michel.
Donc, Aubert rêve que l’archange lui demande de lui bâtir une église sur le mont Tombe, l’ancien nom du Mont Saint-Michel. Mais au réveil, l’évêque doute : était-ce vraiment un message archangélique, ou un effet de son imagination ? La nuit suivante, Aubert refait le même rêve. Et doute toujours au réveil. Alors, l’archange lui apparaît une troisième fois en songe. Et pour mieux se faire comprendre, il touche Aubert.
La légende raconte que l’évêque a gardé toute sa vie une marque de ce contact. Le doigt de l’archange s’est posé sur sa tempe. Pas sur son front, à l’endroit où l’on se frappe quand on a une riche idée. Plutôt sur le côté, là où on fait toc-toc pour signifier un brin de folie. Ceci a son importance.
Oui, car la précieuse relique de saint Aubert, vénérée depuis le Moyen-Âge, existe toujours. Elle se trouve aujourd’hui à Avranches, où l’on peut voir un crâne très ancien, qui présente un défaut à l’os pariétal. Un trou.
Après qu’on eut longtemps crû qu’il s’agissait de la véritable boîte crânienne de l’évêque véritablement touchée par l’archange, la belle histoire a été fichue par terre au siècle dernier. D’après des analystes qui ont examiné l’ossement, il s’agirait plutôt du crâne d’un homme du néolithique ayant subi une trépanation. Récupération et détournement, en somme…
J’en étais restée à cette thèse un peu triste jusqu’à ce matin. Et puis, alleluia ! Amis du merveilleux, réjouissez-vous ! Aux dernières nouvelles, le crâne date réellement de la période de saint Aubert, et il présente des traces de kyste plutôt que de trépanation.
Le 21e siècle sera religieux ou ne sera pas.
Cathédrale de Beauvais
Voilà une cathédrale qui ne ressemble à aucune autre. Dès l’entrée, elle désoriente. On cherche les repères habituels, la nef, le choeur, les bas-côtés : rien n’est à sa place. Pourtant il se dégage une impression de gigantisme. Le regard monte, monte, avant de rencontrer, tout là-haut, la voûte.
A quelle hauteur peut-elle bien culminer ? Dans nos maisons, le plafond se trouve à environ trois mètres du sol. Ici, combien ? 25, 30 mètres ? Allez, vous n’y êtes pas. 35, 40 ? Plus haut ! Quand même pas 45 mètres ? Encore plus haut ! 48 mètres des croisées d’ogives au sol du choeur !
J’imagine la stupéfaction des habitants de Beauvais qui ont assisté à la construction de la cathédrale Saint-Pierre. Les murs s’élevaient, s’élevaient, s’élevaient encore. Quand allait-on s’arrêter ?
La cathédrale de Beauvais fut un temps (de 1567 à 1573) l’édifice religieux le plus haut de la chrétienté. Saint-Pierre de Beauvais dépassait Saint-Pierre de Rome ! Avant même de bâtir la nef, l’architecte s’était hâté de doter l’édifice d’une grande tour lanterne surmontée d’une croix de fer.
Ce péché d’orgueil allait coûter cher : Le jour de l’Ascension 1573, la tour s’écroula, heureusement sans faire de victime.
Depuis, la cathédrale de Beauvais a été réparée, consolidée, mais jamais achevée. Telle qu’elle est, c’est un monument stupéfiant de beauté, qui invite à la méditation.
Pomme
Quel est le point commun entre New York et la Normandie ? La pomme, bien sûr ! Cette sculpture d’Hedberg intitulée « Big Apple of New-York » se trouve dans le parc du château de Vascoeuil, remarquable musée de sculptures en plein air.
C’est la récolte des pommes dans tous les vergers de la région. Dans celui d’Houlbec Cocherel, à une quinzaine de km de Giverny, on peut ramasser soi-même ses fruits. Les pommes cueillies en ce moment sont meilleures que jamais, croquantes, juteuses et sucrées. Il faut oublier le nom latin du pommier, Malus, et se dépêcher de se régaler.
La Bataille d’Hastings
L’Histoire et l’art de la guerre doivent beaucoup aux dates. Le 14 octobre 1066, avec la bataille d’Hastings, est l’une de ces journées qui ont fait changer le cours des choses.
Le déroulement de cet épisode historique est conté par le menu dans une incroyable bande dessinée brodée, la Tapisserie de Bayeux. Tout au long de ses 70 mètres, un luxe de détails fait revivre en direct toutes les péripéties des préparatifs et de la conquête normande. Cet extraordinaire document, unique au monde, est conservé et présenté de façon très didactique au musée de la Tapisserie à Bayeux, dans le Calvados.
Guillaume le Bâtard, duc de Normandie, veut faire valoir ses droits sur la couronne d’Angleterre, que lui dispute Harold.
Pendant tout le printemps et l’été de 1066, il organise un formidable débarquement. Mais les vents tardent à se montrer favorables. Voici l’automne. Trop tard ? Pas du tout ! Ce délai va jouer en faveur des Normands.
Harold, voyant la saison avancer, croit que Guillaume attendra le printemps pour attaquer. L’Anglais fait remiser les 700 bateaux de sa flotte à Londres, renvoie chez eux ses hommes de troupe. Quand Guillaume débarque, Harold doit faire face en hâte à la menace. La désorganisation des Anglais fait le jeu des Normands, qui emportent la victoire, et la couronne anglaise.
C’est donc un peu pour une question de vents contraires que Guillaume a réussi son débarquement. De même qu’en 1944, la tempête qui faisait rage le 5 juin a endormi la vigilance des Allemands. Question de dates…
Mont Saint Michel
Avec plus d’un million d’entrées payantes par an, le Mont Saint-Michel est le site culturel le plus visité de Normandie. La merveille de l’Abbaye se classe au 9eme rang national. (source ODIT France)
Le Mont St-Michel enregistre un surcroît de visiteurs aux périodes de grandes marées, comme c’est le cas en ce moment. Le spectacle de la marée montante, du Mont redevenu île, rendent la visite encore plus inoubliable.
C’est au Mont-Saint-Michel qu’on peut observer les plus grandes marées de l’Europe continentale : la mer se retire à 18 km des côtes et remonte avec une vitesse de plus en plus rapide. Pour bien voir les flots arriver « à la vitesse d’un cheval au galop », il faut se trouver au Mont-Saint-Michel deux heures avant la marée haute.
Mais bien sûr on vient surtout au mont Saint Michel pour l’abbaye, centre de pèlerinage depuis des siècles. Toute l’année, on visite ce chef d’oeuvre d’architecture normande. A voir aussi, le musée de cire (musée Grévin) au pied de l’abbaye, l’archéoscope, spectacle multimédia sur l’histoire du Mont, le Musée Maritime, le Logis Tiphaine, dans la maison de Du Guesclin (1320 -1380), les défenses avancées du bourg, la grande-rue, les remparts, et les jardins de l’abbaye. Enfin, pour découvrir le Mont différemment, des promenades nocturnes sont proposées par la Caisse Nationale des Monuments Historiques et des Sites.
Les bâtisseurs d’église
Toutes ces églises gigantesques qui dominent les toits de nos bourgs conduisent toujours aux mêmes étonnements, aux mêmes questions : pourquoi si grand, si magnifique ? Que ressentaient ces gens qui nous ont précédé et qui se sont lancés dans ces travaux de titan ?
Les églises et les cathédrales ont englouti des vies de travail et d’économies. Le don, le plus souvent, est resté anonyme. Mais parfois, les donateurs se sont fait représenter dans les tableaux ou les vitraux qu’ils ont offerts. Et leur siècle vient soudain percuter celui de la scène biblique.
A Gisors, l’église Saint Gervais Saint Protais est particulièrement riche en témoignages de ce genre. Elle est réputée pour le pilier et le vitrail offerts par la confrérie des tanneurs. Mais c’est une oeuvre bien plus discrète qui m’a arrêtée ce matin.
La fresque se trouve dans une chapelle sur la droite de la nef en remontant vers le choeur. Elle a été peinte au 16e siècle. Le Christ transfiguré, entouré des prophètes, apparaît aux apôtres. Et dans le coin de droite, voici la donatrice.
Elle a la pose de circonstance, agenouillée les mains jointes devant un livre de prières. Un long chapelet est accroché à sa ceinture.
Je ne sais pas si la généreuse dévote s’est trouvée ressemblante. Je ne sais pas d’ailleurs si elle s’en souciait. Ce qui frappe, c’est son regard. Il ignore la fresque de la Transfiguration. Les yeux sont tournés vers la gauche, comme si la pieuse femme tentait de percer un mystère. Et cette bouche pincée sans l’ombre d’un sourire. Cette Gisorsienne de la Renaissance à l’habit élégant mais austère incarne la crainte de Dieu.
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