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Drakkar à voile

maquette de drakkar au musée maritime de Rouen

Le mât et la voile ne sont apparus que tardivement sur les vaisseaux vikings, vers 815. C’est que, pour les Vikings, les vrais hommes rament. Les anciens n’avaient donc que mépris pour les jeunes désireux de traverser la mer en se laissant pousser par le vent.

Cette petite note de Henri del Pup et Robert Pince dans leur ‘Histoire de la France’ en dit long sur l’intemporalité des travers humains.
Le refus de la modernité passe par le mépris des inventions nouvelles et de leurs champions, qui suscitent depuis toujours autant d’enthousiasme que de méfiance.
Ici, ce rejet prend la forme du machisme. Ah ! le mythe des « vrais hommes » ! Songez-y, messieurs, si vous envisagez de séduire une belle petite princesse viking, il va falloir montrer que vous n’avez pas peur de vous servir de vos muscles.
Refuser le progrès de l’énergie éolienne, l’absurdité du point de vue nous crève les yeux. La pente naturelle de l’homme est de chercher à se faciliter la tâche.
Quand les Vikings finiront par adopter la voile carrée, ils pourront pousser leurs raids beaucoup plus loin, dans la vallée de la Seine, de la Loire, mais aussi du Rhin, et à l’est vers la Russie, la mer Noire et Constantinople. En gardant leurs forces pour ravager et piller…
Pour en savoir plus sur les drakkars, et la navigation en Seine en général, rendez-vous au musée maritime, fluvial et portuaire de Rouen.

Georges Braque

Georges Braque, Pélias et NéléeC’est plus qu’un testament artistique. A la fin de sa vie, le peintre Georges Braque a demandé au joaillier H.M. Heger de Loewenfeld de réaliser pour lui des bijoux à partir de ses oeuvres les plus importantes.
Il s’agissait de faire passer des images qui hantaient Braque dans la matière précieuse en trois dimensions, afin de le libérer de ces obsessions.
La peinture ne lui suffisait pas pour s’en défaire. Ce n’est pas assez  » de faire voir ce que l’on peint, il faut aussi le faire toucher « . De la collaboration du peintre et du joaillier pendant deux ans sont nés des bijoux extraordinaires.
Le Château de Vascoeuil, dans l’Eure, présente jusqu’au 17 septembre 2006 les oeuvres de Braque qui ont subi ces « Métamorphoses Artistiques » (c’est le nom de l’exposition).
Somptueux bijoux, sculptures précieuses, Gobelins, tapis, porcelaine de Limoges, cape griffée Yves Saint Laurent… Toujours Braque a d’abord synthétisé une de ses oeuvres à la gouache avant de la laisser s’incarner entre les mains d’autres créateurs.
Tout un monde de têtes grecques, de poissons, et surtout d’oiseaux a pris vie. Braque a atteint son but, « libérer l’oiseau, symbole de l’espace et du temps » et se sentir libéré. Il s’est éteint le 31 août 1963.

Cézanne et Pissarro

Quinze ans de préparation ! On doit l’expo présentée actuellement au musée d’Orsay à l’obstination du petit-fils de Camille Pissarro, Joachim Pissarro, conservateur au MoMa de New York, où elle a été présentée au préalable.
L’idée était de réunir des paires de tableaux de même sujet peints par Cézanne et Pissarro au moment de leur amitié, entre 1865 et 1885.
Natures mortes, autoportraits, paysages : les tableaux présentés côte à côte ont des airs de famille, mais chaque peintre a gardé sa personnalité, tout en subissant l’influence de son ami. C’est tout à fait fascinant.
Devant chaque paire, on se demande lequel est de qui. Une petite vérification, on ne peut pas beaucoup se tromper. Cézanne est construit, un peu sombre, un peu dur. Pissarro plus doux. De la juxtaposition ressort une leçon de peinture. La mise en parallèle fait ressortir similitudes et différences. Et les textes explicatifs, courts et pertinents, donnent un éclairage sur l’aspect humain de ces deux peintres, qui furent tous les deux des amis de Monet. Cézanne et Pissarro

Files d’attente

Ca y est, l’Orangerie a rouvert ! Le musée parisien qui abrite les Grandes Décorations de Monet, plus une belle collection de chefs-d’oeuvres, était fermé depuis six ans. Les maîtres d’ouvrages prévoyaient une réouverture pour 2005, mais des découvertes archéologiques ont retardé les travaux.
Depuis deux jours, on peut enfin revoir toutes ces merveilles. Tout a été repensé pour rendre aux grandes décorations la place centrale et la lumière naturelle qu’elles méritent. J’avais hâte d’aller admirer cela.
Mais l’heure et demie d’attente m’a découragée. Jusqu’à dimanche, l’entrée est gratuite, ce qui explique partiellement l’affluence.
J’ai traversé la Seine et je suis remontée jusqu’au musée d’Orsay, en me disant que si tout le monde était en train d’attendre à l’Orangerie, la voie serait libre pour l’expo Cézanne et Pissarro. Cet optimisme n’était que modérément justifié : 45 minutes de queue !
Y a-t-il une ruée vers l’art ? Un intérêt orchestré par les médias autour d’évènements culturels inscrits dans le temps ? Un effet 35 heures ? Une démocratisation de la culture ?
Pendant que la file serpente à la vitesse de chez Disney, vous avez le temps de vous poser des tonnes de questions sans réponse. Ou si vous préférez, vous pouvez aussi observer vos compagnons d’attente, tenter de deviner leur nationalité, leur emploi du temps de la matinée. Certains stakhanovistes sortent du Louvre, ils enchaînent, c’est pratique c’est en face.
Je regarde comment les touristes professionnels s’habillent pour aller dans les musées, quelles chaussures ils ont enfilées ce matin en se disant qu’il fallait qu’elles soient confortables. Tout à coup, il se met à pleuvoir. Hop ! Ces dames ont des parapluies à fleurs, des capuches en plastique. Et voilà que surgit un marchand à la sauvette. Il propose des parapluies pliants ; l’instant d’avant il vendait des bouteilles d’eau.
Son opportunisme peut en agacer certains, les mêmes qui ne supportent pas le joueur de clarinette, qui fait pourtant ce qu’il peut pour rendre l’attente plus agréable. Leur débrouillardise me les rend plutôt sympathiques. C’est le besoin et la réponse au besoin, le b a ba de l’économie.
Mais est-ce que ces petits métiers à la sauvette traduisent une paupérisation de la société ? Une faillite du système de protection sociale ? Une société à deux vitesses, d’un côté les nantis qui se bourrent de peinture, de l’autre les laissés pour compte qui survivent comme ils peuvent ? D’autres questions sans réponse… Allez, voilà l’entrée du musée.

L’expo Bonnard à Paris

C’est toujours pareil avec les expos parisiennes. On se dit qu’il faudrait y aller, et en même temps l’idée de faire la queue pour apercevoir les oeuvres par dessus l’épaule des autres visiteurs, sans recul, fait hésiter. Bref, l’expo Bonnard tire sa révérence dans deux jours, il était temps de se décider.
Bonnard, c’est l’autre grand peintre de Vernon. Un peu éclipsé par son voisin de Giverny, plus discret. Sa maison n’est pas devenue un musée, son jardin n’est pas l’attraction numéro un du département. Et pourtant le hameau de Ma Campagne n’est qu’à une poignée de kilomètres de Giverny, sur la même rive de la Seine.
Quand on est à ma Campagne, on cherche La Roulotte, la maison de Pierre Bonnard. Autant les demeures de Monet sont clairement repérables, autant celle de Bonnard se fond dans le hameau. Laquelle est-ce ? Dans les tableaux de Bonnard que j’ai pu voir à Paris, il n’a peint que le jardin et les pièces donnant sur la terrasse et la Seine. Rien côté façade. Hier devant ses grandes compositions vernonnaises, je cherchais des éléments distinctifs. La balustrade en bois aux motifs entrecroisés, la terrasse, la porte vitrée… Et ce jardin fouilli qui rappelle les jungles du douanier Rousseau. A-t-il peint Marthe dans la salle de bains de cette maison ? Dans quel jardin l’a-t-il fait poser nue ? Des questions qui n’ont guère d’importance, mais qui naissent de l’acte de voir. Chez Bonnard beaucoup plus que chez Monet, on se sent voyeur devant l’érotisme des toiles, témoin d’une relation amoureuse et charnelle. Que Monet paraît sage à côté de son jeune voisin !

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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