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Palimpseste

catalogue de l'exposition sur la reconstruction de Louviers Voilà, ça recommence, me suis-je dit en lisant le catalogue de l’exposition sur la Reconstruction organisée ce printemps par le musée de Louviers : il faut à nouveau que je sorte le dictionnaire pour comprendre la prose de conservateur.

Sur ce grand palimpseste qu’est l’espace urbain, où chaque époque dessine ses éléments en effaçant les éléments antérieurs, la Reconstruction tient une place majeure, au même titre peut-être que le développement des usines textiles au XIXème siècle.

Pour le coup, une fois renseignée, j’ai été émerveillée par la justesse de l’image évoquée par Leslie Dupuis, responsable du musée de Louviers : un palimpseste est un parchemin sur lequel les copistes du Moyen-Age ont gratté la première écriture pour s’en resservir.
Dans les villes, on démolit, on détruit, on rebâtit sur d’anciennes caves… La ville est un espace à trois dimensions où le temps s’inscrit comme une quatrième dimension perceptible.

Séjour en francophonie

Portrait de Claude Monet en uniforme par Charles Lhuillier, 1861 musée Marmottan, ParisQu’a retenu Monet de son séjour sous les drapeaux en Algérie, en 1861-62 ? Les femmes parées de bijoux d’or, les chameaux et leur démarche altière, presque chic ?
Y a-t-il connu son premier amour, l’a-t-il fait valser au bal du 14 juillet ?
A-t-il aimé, quand il bivouaquait à quelques mètres de la plage, les couchers de soleil aux teintes abricot ?
L’armée française n’avait certes rien à voir avec une bande de bachi-bouzouk, mais dans son costume bleu et rouge, qui paraît si bizarre aujourd’hui où règnent les tenues de camouflages passe-partout, le jeune Monet avait un air de clown, comme on peut en juger sur ce Portrait de Claude Monet en uniforme par Charles Lhuillier, daté de 1861 et conservé au musée Marmottan à Paris.

Vous aussi, du 10 au 20 mars 2007, laissez libre cours à votre imagination et participez à la Semaine de la langue française et de la francophonie en jouant avec les dix mots proposés : abricot, amour, bachi bouzouk, bijou, bizarre, chic, clown, mètre, passe-partout, valser.

Dilection

Les estampes de Monet au musée MarmottanCe doit être l’effet de la fréquentation quotidienne de chefs d’oeuvres, le raffinement de l’art qui rejaillit sur la prose de celui qui les côtoie : les commissaires d’exposition ont parfois un langage si choisi qu’il faut le dictionnaire pour les comprendre.
J’ai appris un mot – ce qui, toujours, m’enchante – en parcourant le dernier communiqué de presse du musée Marmottan. Il annonce l’ouverture aujourd’hui de l’exposition des estampes japonaises de Monet dans le musée parisien.
Monet « sut choisir avec dilection des oeuvres d’une grande qualité technique et esthétique. » Dilection ? est-ce que ça s’apparente à prédilection ?
Renseignement pris, il s’agit d’un « amour pur et pénétré de tendresse spirituelle ». On peut parler de dilection du prochain, de dilection de Dieu pour ses créatures.
Ce communiqué s’adresse à des journalistes, des gens qui, comme moi, ont la modeste ambition de parler comme tout le monde. Alors je m’interroge : pourquoi un mot aussi rare pour qualifier l’art, le goût, le flair, le raffinement, la sensibilité, la passion avec lesquels Monet a su composer sa collection d’estampes ?
Cette dilection nous met sur la piste du lien entre Monet et la spiritualité. Il faut se représenter la communion de Monet avec la nature, au fil des heures et des jours passés à peindre le paysage. Chez cet homme indifférent à la pratique religieuse, le lien au monde qui l’entoure est certainement empreint de dilection.

Cher lecteur, ces textes et ces photos ne sont pas libres de droits.
Merci de respecter mon travail en ne les copiant pas sans mon accord.
Ariane.

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