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Ebroïcien

Fresque gallo-romaine, EvreuxIl a le visage un peu penché de quelqu’un d’attentif, un regard plein d’intelligence, la bouche sur le point de parler. Cet homme aux cheveux gris vivait il y a dix-huit siècles, vers 250 ou 275 après J.C. dans une ville qui ne s’appelait pas encore Evreux mais Mediolanum.
Cet émouvant fragment de fresque gallo-romaine a été retrouvé en 1989 en plein centre ville, dans la très commerçante rue de la Harpe. C’est en dégageant une descente de cave que F. Gerber a découvert ces éléments de visage.
Ce « premier portrait d’un Ebroïcien » comme dit le cartel est entré au musée d’Evreux trois ans plus tard.
Quand ils ont envahi la Gaule les Romains ont amené avec eux toute leur civilisation : leurs dieux, leurs monuments, leurs routes, etc, mais aussi leurs techniques et leurs arts. C’est ainsi que les villas de Mediolanum se trouvaient décorées d’enduits peints à la mode de Rome, et les sols recouverts de mosaïques.
Ce raffinement n’a pas résisté aux vagues successives d’invasions qui ont ravagé la région. Les Barbares brûlaient tout sur leur passage. Pour s’en défendre les habitants de Mediolanum ont édifié le rempart gallo-romain dont il subsiste d’importants vestiges. Ils ont aussi pris la précaution d’enterrer leurs richesses, emportant parfois leur secret dans la tombe. Un énorme trésor datant du 4ème siècle ne devait refaire surface qu’en 1890.


4 commentaires

  1. Ce personnage, pratiquement grandeur nature était accompagné d’au moins un personnage féminin, voire deux. Les fragments conservés étaient cependant pas assez nombreux pour proposer une reconstitution acceptable. Le personnage masculin tient un volumen dans une main, ce qui rend très probable une forte inspiration des représentations classiques de Virgile encadré des Muses Clio et Melpomène.

    Frédéric Gerber
    Archéologue, responsable de l’opération de la rue de la Harpe

  2. Si je vous comprends bien ce ne serait donc pas le portrait du riche gallo-romain propriétaire de la maison mais la représentation de Virgile ? Ou lui en Virgile ?

  3. Les deux solutions sont envisageables. Il suffit de regarder la mosaïque du Bardo (fr.wikipedia.org/wiki/Ima… pour se rendre compte de la ressemblance avec les représentations de l’auteur de l’Eneïde. Il reste possible, voire probable, toutefois, que le propriétaire de la domus a voulu se faire représenter à "la manière de", mettant ainsi en avant des valeurs artistiques et intellectuelles qui étaient (ou qu’il voulait être) les siennes. La tenue d’un volumen n’est pas anodine et correspond bel et bien à un code, à un symbole, celui de la connaissance.

  4. La ressemblance est en effet frappante. Il pourrait donc y avoir derrière le luxe d’une mosaïque, qui marque la richesse, le désir de poser comme faisant partie d’une intelligentsia, avec des symboles compréhensibles seulement par les autres membres de cette élite culturelle ?

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