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Delbrouck

École du centre, VernonCette partie de l’école du centre de Vernon n’est pas une merveille d’architecture, avec sa façade austère en brique sombre comme on les affectionnait au 19ème siècle. Mais les édiles qui l’on fait construire n’avaient pas cette ambition, ils voulaient une école pratique et pas trop chère.
Voilà tout de même 150 ans que le bâtiment remplit son office. Il est dû à un drôle de bonhomme, l’architecte Joseph-Louis Delbrouck.
Pendant environ dix ans, à partir de 1857, Delbrouck a été l’architecte attitré de la ville de Vernon. Avait-on besoin d’un hôpital, d’un abattoir, d’un établissement scolaire, d’un presbytère, d’un marché couvert, ou même d’une usine à gaz, on ne s’embarrassait pas à faire de longs concours d’architecture (la mode en viendra à la fin du siècle), on confiait le projet à Delbrouck, et quelques mois plus tard comme par miracle on avait les plans. C’était fonctionnel et solide.
L’école primaire que voici a donc été dessinée en 1858. A cette époque le maire de Vernon était le châtelain de Bizy, Louis-Napoléon Suchet, duc d’Albufera, un bonapartiste convaincu qui soutenait l’empereur Napoléon III.
La collaboration de cette mairie avec un Delbrouck, c’est le mariage de la carpe et du lapin. Notre architecte ne faisait pas mystère de ses idées de gauche. Tout jeune il a pris une part active aux clubs d’ouvriers. Adepte du socialisme coopératif, il déploie un tel activisme qu’il finit par faire de la prison comme détenu politique.
C’est sans doute pour se ranger des voitures, et parce qu’il n’arrive pas à percer à Paris qu’il s’installe à Vernon, d’où la capitale est à la fois éloignée mais facile d’accès.
C’est un bosseur, Delbrouck. Peut-être est-ce la qualité qui a séduit le duc. Le tandem se lance dans des projets d’envergure.
L’heure est à l’urbanisme, c’est l’époque où le baron Haussmann redessine Paris. A Vernon le maire veut bâtir un nouveau pont sur la Seine, un peu à l’écart du précédent, et ouvrir une percée à travers la ville dans le prolongement du pont.
Ce sera la rue d’Albufera. Mais la nouvelle voie passe en plein milieu de l’hôtel-dieu. Pas grave, on va le refaire ailleurs.
Voilà comment Delbrouck se retrouve chargé de concevoir l’hôpital de Vernon, sans doute son plus grand projet, avec une aile réservée aux civils et l’autre aux militaires.
Cet hôpital n’existe plus aujourd’hui, pas plus que les immeubles cossus qui ouvraient la rue d’Albufera à chaque extrémité, et où Delbrouck s’était réservé un appartement.
Mais l’école du centre, agrandie par la suite, reste un exemple de son travail qui a marqué durablement les rues de la ville et des générations de ses habitants.


2 commentaires

  1. Bonjour,
    Merci d’évoquer le souvenir J.L. Delbrouck …
    On pourra se reporter à la synthèse biographique sur mon site :
    vinotyves.free.fr/pages/p…
    pour mieux connaître qui était cet homme de caratère.
    Cordialement
    Yves

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Ariane.

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