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Mauvaises herbes

narcissesDans un jardin de deux hectares, impossible d’éradiquer toutes les mauvaises herbes. Il y faudrait quatre-vingts jardiniers plutôt que huit, à l’affût tous les matins. Pour éviter leur prolifération, on plante serré, c’est encore le meilleur moyen d’expliquer aux herbes folles que c’est la crise du logement par ici et qu’elles feraient mieux d’aller se ressemer ailleurs. Mais certaines sont têtues, bref il en reste toujours si on regarde bien.
Que quelques graines sauvages se faufilent dans les massifs de Monet, je ne trouve pas que ça dérange. Il y en a même qui sont craquantes, comme ce pissenlit dont la tête jaune s’est glissée parmi les narcisses. On dirait un gamin taquin entre les jambes des adultes, qui vous ferait coucou avec un grand sourire.
Les visiteurs ont des réactions étonnantes quand ils découvrent la présence de ce qu’il est convenu d’appeler une mauvaise herbe quelque part dans les jardins de Giverny, surtout ceux qui ont un jardin eux-mêmes et qui luttent sans relâche pour se débarrasser des indésirables. Même ici ! triomphent-ils, comme si la défaite face aux envahisseurs de ceux qu’ils perçoivent comme une armée de jardiniers les disculpait de leur propre échec, eux qui livrent seuls le combat dans leur carré de pelouse.
Tout le monde voudrait cesser de culpabiliser parce qu’il y a des mauvaises herbes dans son jardin. Une dame que j’ai guidée l’an dernier m’a révélé qu’elle avait été libérée par une petite phrase anodine de mon commentaire : Monet accueillait les fleurs sauvages dans son jardin, au milieu des fleurs cultivées. « Maintenant, raconte-t-elle, quand quelqu’un me fait remarquer les mauvaises herbes, je lui dis que je fais comme Monet ! » C’est surinterpréter l’histoire, puisque Monet acceptait seulement certaines fleurs sauvages qui lui plaisaient, coquelicot, centaurée, verbascum… Mais qu’importe, je suis enchantée si sans le savoir j’ai apporté un peu de sérénité à cette dame. Il faudra que je pense à le redire, ce détail-là, une graine aussi bienfaisante mérite d’être semée à tous vents !


9 commentaires

  1. Accueillir les fleurs sauvages, c’est joliment dit.
    Je me souviens de quelqu’un qui admirait les massifs d’épilobes à la montagne, mais les massacrait au fond de son jardin. Un jardin a besoin d’un peu de sauvagerie, non?

  2. Oui, c’est joliment dit.
    J’ai coin dans mon jardin pour les fleurs sauvages, c’est sous un pommier. Il y a des Cowslips(Primula veris), coquelicots, Ox eye daisies( Leucanthamum vulgare) primroses etc. Dans les plates-bandes en ce moment il y a les jolies petites fleurs de Herb Robert (Geranium robertianum) Quel est son nom en francais?
    I like flowers that seed themselves in places of their own choosing such as in the grass or in the cracks of stones and look more delightful than when formally planted.

  3. J’ai cherché les images dans google pour identifier les plantes que tu cites. Cowslips : des coucous, Ox eye daisies : des marguerites, primroses : des primevères. Je suis ravie d’apprendre que le nom de l’herbe à Robert est transparent. N’est-ce pas le géranium vrai ? Les noms populaires sont aussi charmants que les fleurs elles-mêmes ! Et leur obstination à pousser dans les endroits les plus incongrus tout à fait stupéfiante ! J’ai connu une photographe néerlandaise qui collectionnait les photos de fleurs qui poussent dans les fissures, un beau sujet pour rendre hommage à l’énergie vitale de la nature.

  4. Thanks for giving me the names in french as my online dictionary couldn’t help. Indeed the popular names are quite charming. I saw some wild flowers called Whistling Jacks in the Isles of Scilly last week. and another called eggs and bacon.

  5. Régal habituel… Et en plus le délice de lire "cowslips" pour coucou ce qui est aussi imagé voire plus dans une langue que dans l’autre. Je ne humerai plus jamais goulûment les coucous de la même manière ;o)

  6. Les Whistling Jacks sont faciles à trouver (glaïeuls communs) mais la rubrique eggs and bacon est un peu indigeste quand on cherche des fleurs !

  7. ‘Eggs and bacon’ Bird’s-foot-trefoil (Lotus corniculatus) comme le petit dejeuner traditionelle d’Angleterre!

    Une devinette anglais: Why did the bull rush? Because he saw the cow slip.
    Ca me rappelle de mon enfance.

    PS Bulrush = jonc (Typha)

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Ariane.

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