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Platane

Tronc de platanePas la peine de jouer à deviner à qui appartient ce tronc : il a beau porter une tenue de camouflage, tout le monde reconnaît le platane, si courant le long des boulevards et si bienvenu sur les places du Midi à l’heure de l’apéro.
Le platane s’identifie instantanément par son tronc qui pèle avec chic, tandis que ses larges feuilles ombreuses évitent à votre nez d’en faire autant sans aucune classe.
L’écorce qui se détache par petites plaques forme des dessins fascinants. On dirait les courbes de niveau d’une carte d’état-major, une sorte de puzzle mystérieux qui se régénère sans cesse, un nouveau genre pictural tachiste en camaïeu du meilleur goût.
A force qu’on le fréquente le long des trottoirs, le platane bénéficie d’une notoriété hors du commun. Son taux de reconnaissance spontanée ferait pâlir de jalousie les marques en quête d’image. J’ai donc été surprise, lors d’un tout récent cours d’identification des végétaux organisé à l’intention des guides de Normandie, qu’il figure au programme.
C’est que, dès qu’on gratte un peu – et en général ça démange de le faire – on s’aperçoit que la vie du platane n’est pas aussi lisse qu’il y paraît.
Si l’on remonte son arbre généalogique, on découvre que notre platane le plus commun a des parents qui n’étaient pas faits pour se rencontrer : le platanus orientalis, d’une part, et le platanus occidentalis, de l’autre. Le premier pèle, l’autre non.
Le mariage entre l’orient et l’occident s’est déroulé en Espagne il y a fort longtemps. Le faire-part a été égaré, en tout cas la cérémonie remonte à plus de trois siècles. Il en est résulté la souche vigoureuse du platanus hispanica, appelé à une très large descendance.
Notre professeur d’horticulture avait aussi une autre raison pour donner la vedette au platane. La formation se déroulait à Bayeux, une ville qui est fière d’en posséder un magnifique spécimen de la fin du 18e siècle.
Ce platane, un authentique « arbre de la liberté », a été planté par les Révolutionnaires sur une place derrière la cathédrale. Les sans-culottes ont eu un peu de mal à l’acclimater, les deux premières tentatives ont échoué. Enfin, en 1797, le troisième arbre de la liberté a été le bon. Aujourd’hui, il trône, majestueux, insinuant ses racines sous les murs de la cathédrale voisine fondée au 11e siècle par Guillaume le Conquérant.
Plus de deux siècles, c’est déjà un bel âge, pourtant le platane de Bayeux peut espérer vivre beaucoup plus vieux encore. Certains de ses congénères sont réputés avoir dépassé les mille ans. De quoi concurrencer les cathédrales.


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Ariane.

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