Cette année, j’ai goûté les hémérocalles. L’an dernier, j’avais appris qu’elles étaient comestibles juste un peu trop tard. Le temps que je me décide et elles étaient toutes fanées. Cette fois-ci, donc, j’ai guetté leur floraison de l’oeil dont le jardinier couve ses salades, avec une gourmandise anticipée.
Celles qui ourlent somptueusement la rivière à Giverny ne me tentent pas. Je les regarde s’épanouir et défleurir sans l’ombre d’un regret : le jardin de Monet n’a rien d’un jardin bio. Mais dans le mien, le temps de la récolte est venu, une récolte amusante, pour laquelle il n’est pas besoin de se baisser.
Mon informatrice avait comparé le goût de l’hémérocalle à de la laitue iceberg. Le mieux, pour se rendre compte, était de les servir ensemble. Sur un lit de ladite laitue, en compagnie d’oeufs mimosa, l’hémérocalle flashe dans l’assiette de tout son orange lumineux, de toute sa grâce insolite.
Va-t-on oser la déguster ? Porter la fourchette et le couteau, les dents sur une fleur a quelque chose de sacrilège. On a le sentiment d’enfreindre une règle, celle qui veut que les fleurs sont faites pour être regardées seulement. On se lance, avec cette arrière-pensée héritée des champignons, est-ce vraiment comestible et sans danger ?
La texture croquante rappelle en effet la laitue, mais le goût est plus fin, un peu sucré. Rien à voir avec le piquant des capucines.
Va-t-on en reprendre ? Je crois que non, elles sont tout de même plus sympa à admirer dans le jardin. Même pas envie d’essayer les intéressantes recettes d’hémérocalles farcies trouvées sur le net.
Mais je m’amuse, maintenant, à surprendre les visiteurs de Giverny que je guide : vous savez que ça se mange ? c’est croquant et doux comme de la laitue iceberg ! Ils me regardent avec étonnement. Peut-être que dans quelques jours, c’est ce détail, cette envie d’expérience sensorielle qui leur restera de leur visite à Giverny, plutôt que les rebondissements dans la vie de Claude Monet.
Mon épouse et moi aimons beaucoup visiter le jardin de Claude Monet, mais c’est en cherchant des informations sur le marché de l’art de Giverny auquel des amies vont participer ce dimanche que je suis arrivé sur votre blog. Et après être passé par 2006 et la canicule au bord de l’Epte au Moulin de Fourgues j’arrive à la dégustation d’hémérocalles. J’en ai dans mon jardin et chaque matin à la fraîche j’enlève les fleurs fanées sans penser que je pourrais déguster celles qui vont s’épanouir. Je me précipite pour pour aller en gouter une.
Je suis descendu dans le jardin, j’ai choisi une touffe d’hémérocalles située à l’ombre pour plus de fraîcheur, une fleur sans fourmis car elles semblent aimer se promener à l’intérieur des fraîches corolles. J’ai déjà croqué les pétales. Il me reste le pistil et les étamines. C’est également croquant et frais. Je viens de terminer ma première fleur d’hémérocalle. Il me reste en bouche un petit gout poivré.
Merci de vos commentaires, JMB. Cela valait le coup d’essayer, n’est-ce pas ?
I first learned this when I saw Prince Charles eat one! (on TV)
Lovely post Ariane. Mine have just come into flower.
Your comment made me smile, Tessa. Did he want to surprise the TV viewers?