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Porte-bonheur

Leslie Hirst, Petite swirlLeslie Hirst, « Two, Four, Six: Petite Swirl » Trèfles à deux, quatre et six feuilles, émail et résine sur bois, 2005. 20 cm x 20 cm.

Regardez bien : les trèfles ne sont pas peints, ce sont de vrais trèfles à deux, quatre ou six feuilles pressés et séchés qui composent ce tableau de Leslie Hirst.
Tout le charme, le magnétisme des oeuvres de cette artiste américaine tient à cette subtile alchimie entre un fond émaillé plutôt géométrique et son dialogue avec ces éléments naturels pas comme les autres, les trèfles. Parmi tous les végétaux, ce sont sans doute eux qui symbolisent le plus les chiffres.
Depuis longtemps, Leslie a un flair spécial pour découvrir les trèfles qui sortent de l’ordinaire. « C’est comme si je les attirais ! » s’amuse-t-elle. Elle n’a pas de méthode particulière, elle ne se met pas à quatre pattes. Elle regarde attentivement la pelouse et elle les trouve, c’est tout. « Mon record, c’est 333 en une journée ! C’était dans le Wyoming, » se souvient-elle. « Pourquoi y aurait-il particulièrement des trèfles à quatre feuilles dans le Wyoming ? Il n’ y a même pas d’herbe ! C’est un désert ! »
Sa collection de trèfles avait déjà une certaine importance quand on lui a proposé de participer à une exposition sur le thème de l’art et la flore sauvage. Elle accepte, et la voilà en train d’essayer de composer un tableau avec ses trèfles séchés. « J’ai essayé de dessiner avec, c’était ridicule. J’ai fait des lignes avec, c’était ridicule. Et puis j’ai eu l’idée d’en faire des cercles. » Sa première oeuvre compte trois cercles de 1024 trèfles à quatre feuilles chacun. Beaucoup d’autres suivront, en forme de tourbillon, d’éventail, de ruban, et bien sûr de carré.
Si vous agrandissez la photo, vous verrez que les trèfles projettent leur ombre sur le fond. Ils sont inclus dans des couches de résine successives qui leur confèrent cet air de flotter sur l’eau.
Trèfles à quatre feuillesLa contrepartie de cette merveille de précision et de poésie, c’est un travail long et minutieux. Une fois les trèfles trouvés et séchés, Leslie les dispose sur son support, puis elle les décalque un par un et les numérote. Ensuite elle peint le fond à l’émail, elle le couvre de résine et repositionne les trèfles, par couches successives.
Il y a, dans cette célébration des rythmes de la nature et de l’univers, de l’humble et de l’extraordinaire, quelque chose qui me parle et qui me semble moins loin de Monet qu’il n’y paraît à première vue. Peut-être est-ce pour cela que Leslie était tellement radieuse de venir à Giverny ? Ou est-ce la fréquentation de ces masses de trèfles quadrifoliés qui lui donne cette énergie lumineuse ?
Leslie m’a offert un trèfle à quatre feuilles cueilli ici. Je l’ai glissé dans un livre, à la page du poème d’Emily Dickinson :

« Pour faire une prairie il faut un trèfle et une abeille,
un trèfle et une abeille,
et de la rêverie.
La rêverie seule y suffirait,
si les abeilles manquaient. »

Bonne rêverie à vous…

Photo : La récolte de Leslie en dix minutes.


4 commentaires

  1. Comment fait-elle pour trouver aussi facilement des trèfles à 4 feuilles….
    Cependant avec ses trouvailles elle réalise de superbes tableaux très originaux! Elle a beaucoup de talent.

  2. Très original et d’emblée ça touche et toutes ces subtilités de bleu c’est magnifique, j’aime beaucoup et je suis tout à fait d’accord c’est une merveille de précision et de poésie. Merci pour cette jolie découverte picturale !

  3. Oui c’est très beau et surprenant, je n’avais pas vu que le modèle était sur le tableau.
    Cette oeuvre peut rentrer dans la catégorie des herbiers artistiques.
    Bon weekend.

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