Quand la lavande est fanée en Provence, elle fleurit encore à Giverny. Ses touffes compactes bordent la jolie allée surnommée la boîte de couleurs, où les teintes des massifs forment un arc-en-ciel de chaque côté du chemin.
C’est une allée à ne pas manquer si vous visitez Giverny, ma préférée en cette saison. L’odeur des lavandes rivalise avec celle des phlox et des menthes. Les abeilles sont au travail, si déterminées, tandis que les papillons volètent avec l’air d’être en vacances.
Les structures métalliques des clématites et des roses encadrent l’allée : on est immergé dans le végétal, comme le souhaitait Monet.
Et selon l’idée du Maître, la façon de planter diffère ici. Dans ces plates-bandes dont la taille réduite rappelle celles d’un jardin potager, Monet faisait pousser une seule variété de fleurs à la fois. Cette simplicité offre un repos pour l’oeil, tandis que les massifs plus longs explosent partout de masses de fleurs d’été traitées en mélanges.
L’habileté dans la conception du jardin est de surprendre toujours, d’offrir du nouveau pour renouveler l’émerveillement. Chaque allée propose un parcours différent. Et chaque allée brille par moments d’un éclat plus intense.
Certains jours, parce que telles fleurs sont au top de leur splendeur, tel coin du jardin devient plus beau que beau.
Cette perfection de la grâce saisit, et parfois bouleverse. Car son dessein profond nous échappe : pourquoi la beauté ?
C’est une question tout aussi dérangeante que celle du pourquoi de la laideur, une question vertigineuse à laquelle nous sommes bien en peine d’apporter une réponse.
Pour y arriver, peut-être faudrait-il être abeille, ou papillon.
Oui, la lavande en masse fait un effet magnifique. Et son bleu se marie avec le rose aussi bien qu’avec l’orange.